En 2006, dans un des premiers billets de ce blog, je m’étais déjà
exprimé sur le sujet (ce qui ne nous rajeunit pas) lorsque Chirac avait décoré
de la Grand-Croix de la Légion d’honneur l’infâme Poutine, soit disant au nom
d’une tradition républicaine qui exigerait que les chefs d’états étrangers
soient honorés !
« Il y a une tradition républicaine qui fait qu'on donne la plaque
de Grand-Croix de la Légion d'honneur aux chefs d'Etat étrangers »
avait-il prétexté.
C’est probablement par respect de la tradition, qu’en 1987 Mitterrand
l’avait honteusement accrochée à la poitrine de ….Noriega, dictateur de
sinistre mémoire, mais à l’époque j’étais à peine né et je ne m’en étais pas
offusqué !
Même si on peut imaginer que Hollande n’a pas honoré son hôte avec un
enthousiasme débordant, il n’en reste pas moins qu’il a attribué la plus haute
distinction de la République française a un éminent représentant d’une
monarchie qui finance les groupuscules islamistes, où sévit une stricte
application de la charia, ou l’on exécute de manière abominable, ou, l’on
décapite, on lapide, on crucifie selon le bon vouloir de la caste au pouvoir et
ou on fouette jusqu’au sang un blogueur sous prétexte « d’insulte
à l’Islam » !
Même si cette distinction est attribuée au nom du Président de la
République, même si son attribution est faite au nom de la raison d’Etat,
« au titre de la réciprocité diplomatique » et pour soutenir
« ainsi la politique étrangère de la France. » (cf.
ici) c’est au nom de la France, qu’elle est remise, c’est la France qui se
déshonore.
Certes, la remise de la légion d’honneur à un chef d’Etat étranger constitue
une situation marginale et exceptionnelle au milieu des 3 000 heureux
récipiendaires annuels de la breloque, mais cette attribution particulière
révèle néanmoins ce qu’est cette décoration, un moyen pour le Prince de flatter
l’ego d’un futur redevable.
Cette remise, comme d’autres avant (Poutine, Ben Ali,…), jette encore un peu
plus le discrédit sur la plus haute distinction française pourtant présentée
comme « un symbole fort, compréhensible et fédérateur
».
La Légion d’honneur n’est pas autre chose qu’un chétif rejeton des
prébendes, charges et autres gratifications de l’ancien régime avec un intérêt
en plus, celui de ne rien couter à la Couronne.
Cessons, enfin, cette pratique de la République à la fois anachronique,
profondément choquante et quelques fois grotesque. Arrêtons de déshonorer la
République par cette distribution discrétionnaire à tous ces gens pour lesquels
on confond mérites et talents et dont on veut nous faire croire qu’ils n’ont
rien réclamé.
Finissons-en donc, une bonne fois pour toutes, avec la Légion d’honneur. De toute façon, elle est déjà si largement galvaudée que même les vrais méritants (il y en a quand même) n’ont plus de quoi en être fiers !