528° La chose et son contraire

Publié le 08 mars 2016 par Jacques De Brethmas

Petite chronique de l'imposture en politique.


Nos politiques ne nous ont pas habitué à des raisonnement logiques et des actions cohérentes, mais bien davantage à des improvisations erratiques au gré des courants démagogiques, de la crainte des manifs, voire des intérêts directs des élus ou de leurs copains du Fouquet's ou d'ailleurs, créant notamment un contexte où les droits de l'Airbus et du Rafale ont une fâcheuse tendance à prendre le pas sur les droits de l'Homme.
Je ne parlerai pas de la posture globale du président et de son gouvernement qui pratique une politique quasiment contraire à celle pour laquelle il s'est fait élire, et dont il résulte un tel essorage des valeurs qu'il a réussi à diviser non seulement son parti, mais même son opposition !

L'état d'urgence élastique.


Rien que dans la période la plus récente, il a ainsi détourné l'état d'urgence de sa visée anti-terroriste en l’utilisant entre autres pour assigner à résidence des écologistes suspectés de l’intention de troubler la COP 21. Puis, il la prolonge pour y inclure la période de l'Euro de football. Tous les trois mois, il se passe quelque chose en France, allons-nous vivre sine die sous l'état d'urgence ?

Portes ouvertes aux paradis fiscaux..


Le 4 décembre 2015 passait en seconde lecture à l'assemblée nationale la loi de finance rectificative qui contenait une disposition qui aurait permis de lutter efficacement contre la fraude fiscale des multinationales.
Décrite dans cet article, la clause rendait possible  
« de savoir si les entreprises payent leurs impôts là où elles exercent leurs activités, et non dans des paradis fiscaux où leur présence se réduit souvent à des boîtes aux lettres.
Les entreprises auront l’obligation de donner des informations aussi basiques que le chiffre d’affaires, le bénéfice, le nombre d’employés, les impôts payés dans chaque pays où elles ont une filiale. De quoi permettre de détecter des anomalies. De quoi permettre aux États de demander des comptes pour récupérer les impôts dus. »
Le secrétaire d'état au budget, Christian Eckert, présent dans l'hémicycle, semble très mécontent de ce vote. Après une suspension de séance, on revote, et on découvre que quelques députés ont changé d'avis pendant la pause café. L'article adopté une heure plus tôt est alors rejeté. Google, MacDo, Amazon, Subway, Total et quelques autres peuvent à nouveau dormir du sommeil de l'injuste, rien ne changera dans les vases communicants inter-filiales.

L'honneur sauce gribouille


La semaine dernière, ce même gouvernement qui va je ne sais pas où mais pas où nous voulons remet la Légion d'Honneur à Mohamed Ben Nayef, prince héritier d'Arabie Saoudite. Là encore, les droits de l'Airbus et du Rafale ont pulvérisé les droits de l'homme.
L'Arabie Saoudite a, pour des motifs divers et variés, exécuté  70 personnes, depuis le 1° janvier. Une par jour. Sans parler de la condition faite aux femmes, aux travailleurs étrangers, etc, etc.
Remarque, la Légion d'Honneur, on peut comprendre ceux qui l'ont refusée…
(entre autres : Simone de Beauvoir, Bourvil, Georges Brassens, Albert Camus, Gustave Courbet, Pierre et Marie Curie, Daumier, LaFayette, Littré, Guy de Maupassant, Claude Monet, Thomas Piketty, Jacques Prévert, Maurice Ravel, George Sand, Jean-Paul Sartre, etc.)
...quand on a une idée de ceux qui l'ont reçue : Nicola Ceaucescu, Ali Bongo, Vladimir Poutine, Boris Eltsine, Jean Bedel Bokassa, Jacques Servier, Isabelle Balkany, Eric Zemmour, sans compter le nombre de comédiens, de chanteurs à la mode et d'amis des amis qui viennent compléter cette liste à la Prévert, ce Prévert, justement, qui l'avait refusée.

Peines plancher pour les délinquants en baskets,

peines plafond pour les délinquants en col blanc.


Une semaine avant, ce gouvernement, dans son mouvement brownien, nous pond une réforme du code du travail. Et là, que découvrons-nous ?
Que ces gens-là, qui s’était pourtant insurgés contre les « peines plancher » infligées aux délinquants en baskets, gratifient aujourd'hui les délinquants en col blanc de « peines plafond » en limitant les possibles indemnités attribuables par les Prud'hommes...
150 ans après l'abolition de l'esclavage…
On marche sur la tête.
Les valeurs ne sont plus les valeurs humanistes. Le profit a pris la place de l'Homme au centre de la société. L'économie, qui devrait être et rester un outil, est devenue une fin en soi, un graal qu'il faut atteindre et honorer quelques soient les pertes humaines.
Ce qu'un gouvernement de droite n'aurait pas pu faire sans jeter la France dans la rue, un gouvernement qui se dit « de gauche » est en train de le faire sous les applaudissements du MEDEF.
Nous n'avons pas voté pour ça.