Au commencement, il y a un jardin. Ce n’est pas un Eden. C’est seulement le jardin du grand-père, à Athis-Mons, en Essonne. Et les gestes du jardinier, et les légumes, et les fruits et les fleurs. Un jardin d’enfance. Celui où elle a tout appris, en regardant, en écoutant, en faisant, puis en écrivant et en dansant. Le kiwi femelle planté par le grand-père l’a accueillie, abritée, donnant, parce que le jardinier a plusieurs fois planté un kiwi mâle à proximité, des fruits duveteux. C’est après la perte de ce jardin que j’ai rencontré Claire le Michel, à l’occasion d’une exposition. Elle s'est installée dans un autre parc en Essonne. Puis elle est allée au château de La Roche Guyon, où elle a rencontré des jardiniers dans un espace qu’elle a découvert, arpenté, tôt le matin, partageant le repas des jardiniers et rencontrant des kiwis, vagabondant comme elle, comme les plantes dont, ailleurs, Gilles Clément fait l’éloge. La poésie l’accompagne, elle franchit les murs, suit les fleuves, elle éprouve le mouvement d’une coccinelle sur un brin d’herbe et tente de le suivre, elle ressent la douceur et la puissance de l’enlacement végétal. Elle sait à présent que le jardin est un monde et le monde un jardin.