Il y a 3 siècles, les premiers jouteurs s'affrontaient sur les eaux du tout nouveau port de SETE, avant même que Pierre-Paul Riquet n'ait prolongé son fameux canal jusqu'à la Méditerranée. Même rituel en 1823, un siècle et demi plus tard, pour honorer la duchesse d'Angoulème, fille de Louis XVI. En 1966, on renouera avec ce faste pour célébrer avec le tricentenaire de la ville, celui d'une institution qui perdure toujours.
Il existe d'ailleurs à Sète, au musée Paul Valéry, jus
A Sète on dénombre pas moins de 6 sociétés de joutes, plus les écoles qui forment, dès le berceau, les futures chevaliers de la tintaine ; soit quelques centaines d'adeptes très motivés qu'au solstice d'été des milliers de spectateurs déchaînés viennent soutenir de leurs vivas ou, si leur étoile vacille, accabler de leurs lazzis.
Les barques bleu et rouge prolongées de leur quintaine (la tintaine) attendent leurs chevaliers blancs tandis que préludent les hautbois et les tambours. Une singulière cantilène s'élève, cet air mystérieux des joutes que Toussaint Roussy, le 1er conservateur du musée, attribuait à Lully, le compositeur préféré de Molière, qui donnait la comédie non loin de là, à Pézenas.
Au Cimetière Marin, "où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres", les noms des champions sont gravés dans la pierre, auréolés de glorieuses épitaphes. Ils sont véritablement entrés dans la légende sétoise. Les peintres connus et inconnus les ont immortalisés, ils inspirent aussi les poètes ; la musique aigrelette du hautbois a tellement charmé l'un d'eux (Francis-Octave Blama) qu'il a fait de cet instrument naïf et presque mystique le sésame magique de ce rituel :
Note à note, il métamorphose
Ordonne, anime, recompose
Idéalise le tableau.
Et la joute chevaleresque
Devient une irréelle fresque
Dans l'azur du ciel et de l'eau...