Que se serait-il passé si Damien Hirst n'avait jamais existé ? Si le jeune artiste britannique le plus célèbre et le plus influent des trente dernières années avait été quelqu'un d'autre ? Quelqu'un d'encore plus provocateur, plus scandaleux et de beaucoup, beaucoup plus drôle ?
C'est le scénario que met en scène Randall, formidable premier roman campé dans le Londres des années 1990, de la " Cool Britannia ", et de l'émergence des " Young British Artists ".
♦Édition Buchet-Chastel/370 pages/ 22 €♦
Tout commence lors du vernissage de fin d'étude de Randall et de ses amis de l'école des beaux-arts Goldsmiths college auquel Vincent assiste. C'est dans ce cercle d'artistes, appelé plus tard les " Young British Artists " que rayonne Randall. Très vite, grâce aux relations haut placées de Vincent, Randall prend la tête de ce mouvement et est reconnu internationalement dans le monde impitoyable du marché de l'art. Invité à toutes les soirées mondaines et branchées, les hommes d'affaires se l'arrachent. Rien n'est plus à la mode que d'avoir une œuvre de ce jeune génie (ou imposteur?) chez soi.
Ce roman propose également une deuxième temporalité (que nous suivons en alternance avec la première), où 6 ans après la mort de l'artiste, Vincent, exécuteur testamentaire est appelé par la veuve de Randall après la découverte fortuite d'œuvres posthumes. C'est dans l'un des nombreux ateliers de Randall que Justine va trouver des peintures pornographiques qui mêlent l'ensemble des acteurs du monde de l'art de la finance des années 90-2000. Ensemble, Vincent et Justine essayent de savoir que faire de ce cadeau empoissonné. Doivent-ils les dévoiler pour la beauté de l'Art et risquer un scandale ou bien les cacher par pur égoïsme ?
C'est grâce à l'opération masse critique Babelio que j'ai pu découvrir ce premier roman impressionnant sur une amitié loufoque entre deux personnes complètement différentes mais tellement complémentaires. Randall, un homme provocateur, charismatique qui ouvre l'esprit de Vincent (auquel nous pouvons nous identifier) sur le monde de la culture. Enfin, c'est un livre intelligent qui dénonce la folie acheteuse du marché de l'art avec ses spéculations et ses reventes faramineuses.