La droite a gagné les élections législatives. A dire vrai, pourtant, la victoire est passée presque inaperçue, car l'UMP et le Nouveau centre, avec 345 sièges, n'ont pas obtenu le score prévu par les sondages. La victoire est franche, mais il n'y aura pas eu de "vague bleue", encore moins de tsunami : la gauche a très bien résisté, et fait mieux qu'en 2002, avec 210 sièges pour le PS et le PRG.
Comme je l'avais dit à l'issue du premier tour, le résultat final dépendrait surtout de la mobilisation des électeurs et du report des voix de l'électorat du MoDem. Manifestement, les deux facteurs ont penché en faveur de la gauche. C'est ainsi que dans ma circonscription, Renaud Donnedieu de Vabres, pourtant en tête au premier tour, a été battu au second.
Il faut dire que l'annonce d'un projet de "TVA Sociale" a certainement joué à plein en défaveur de la droite. La droite paie sa mauvaise stratégie en terme de communication. Cette mesure mérite un réel débat, qui nécessite du temps, et une telle annonce dans l'entre-deux-tours est une grave erreur de calendrier. Il fallait soit l'annoncer bien avant (ce qui était encore le mieux, étant donné le slogan de campagne de l'ancien candidat Sarkozy : "Tout dire avant, pour tout faire après"), soit lancer le débat après les élections.
La gauche a parfaitement su, et c'est de bonne guerre, profiter de l'aubaine. Notons cependant que, le PS n'a pas toujours été opposé à la hausse de la TVA. Il l'a augmentée de trois points sous les années Mitterrand, et en 2006 Ségolène Royal s'était dite favorable à une réflexion sur ce sujet (je vous renvoie à cet article du Nouvel Observateur).
Evidemment, cette semaine, la querelle droite-gauche n'a pas porté sur le fond de la mesure. La question de la TVA est en effet le terrain idéal pour faire naître une polémique et l'entretenir sans avoir même à rentrer dans le détail du projet : la hausse de la TVA est spontanément impopulaire dans l'opinion ; c'est une mesure difficile à faire comprendre (en très mauvaise pédagogue, la droite a d'ailleurs parlé des bienfaits d'une telle mesure pour l'économie en général, au lieu d'aborder la question du pouvoir d'achat, qui est la principale inquiétude des Français sur cette question), et enfin, c'est une mesure très facile à caricaturer (au lieu de faire payer les patrons, on taxe les consommateurs, etc...)
Bref, la droite n'a remporté qu'une demi-victoire. Les vaincus vont sans doute grincer des dents, mais je vois tout de même deux avantages à cette demi-défaite. D'abord, la répartition à l'Assemblée reflètera ainsi sans doute davantage la réalité du paysage politique français et c'est une bonne chose qu'il y ait une opposition réelle au parlement. Ensuite, ce résultat en demi-teinte va obliger la droite à rester mobilisée et à ne pas être tentée de se reposer sur ses lauriers, ne serait-ce que dans la perspective des municipales de 2008. Ce n'est pas, en effet, d'avoir une majorité pléthorique à l'assemblée qui importe, mais ce que l'on fait de cette majorité.