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MONDE > Quand l’Europe souhaite fermer définitivement "la route des Balkans"

Publié le 07 mars 2016 par Fab @fabrice_gil
Ce jour, lors d’un sommet extraordinaire à Bruxelles, l’Union européenne sollicite la Turquie et soutient la Grèce pour que les deux pays l’aident à régler la crise migratoire. La volonté de fermer définitivement la route des Balkans semble irréversible.

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Des migrants sur la route en Turquie à Dikili I photo ©AFP-Bullent Kilic

"Le flux des migrants irréguliers le long des Balkans occidentaux arrive à son terme. Cette route est désormais fermée", est-il stipulé dans le projet de déclaration finale du sommet, au moment où l’arrivée de 1,25 million de demandeurs d’asile divise comme jamais le bloc européen. L’objectif est de "fermer dans les jours qui viennent la route des Balkans" par laquelle des migrants rejoignent l’Allemagne et la Scandinavie, confirme un diplomate européen.Avant l’ouverture officielle de ce congrès extraordinaire, les 28 dirigeants européens ont déjeuné avec le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, qui devait préparer ce sommet dès dimanche soir à Bruxelles, à huis clos avec la chancelière allemande Angela Merkel. Ce nouveau rassemblement survient dans un climat de frictions récurrentes entre l’Union Européenne et la Turquie, candidate de longue date à l’adhésion. Les Européens s’inquiètent aussi de la répression contre les médias opposés au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Avant de quitter Istanbul, l’homme a affirmé que son pays avait progressé pour respecter sa part du plan d’action conclu en novembre avec l’UE, histoire de stopper les migrants quittant par milliers la côte anatolienne pour les îles grecques. La liste s’allonge : au moins 25 migrants, dont dix enfants, ont encore péri hier dans un naufrage au large de la Turquie.Coopération avec AnkaraAprès une récente tournée dans les Balkans, en Grèce et en Turquie, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a cru déceler "un consensus européen […] autour d’une stratégie globale" qui pourrait "aider à endiguer les flux" migratoires. Sa solution : appliquer à la lettre les règles de libre circulation dans l’espace Schengen, en ne laissant entrer en Grèce que les seuls demandeurs d’asile. Ce qui devrait permettre de lever d’ici à fin 2016 les contrôles frontaliers mis en place au sein de l’UE, puis d’expulser tous les migrants économiques vers la Turquie qui les renverra à son tour vers leur pays d’origine. Ankara devrait ainsi s’engager à accepter dès le 1er juin prochain des réadmissions en Turquie de migrants en situation irrégulière venant des îles grecques. Les Européens veulent également que la Turquie renforce la lutte contre les passeurs, avec l’aide de navires de l’Otan en mer Egée. Ils peuvent désormais opérer dans les eaux territoriales grecques et turques, selon le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg. Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé l’envoi de trois navires militaires pour participer à ces opérations. La situation humanitaire reste inqualifiable. Plus de 30 000 migrants demeurent bloqués en Grèce dans des conditions de misères terrifiantes, en raison des restrictions imposées par plusieurs pays des Balkans. La Macédoine a réduit tout au long de la semaine le nombre des entrées de migrants, pour n’en accepter qu’une centaine hier.Solidaire avec Athènes
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a qualifié, hier, d’urgence absolue le transfert de milliers de migrants vers d’autres pays de l’UE. L’Union doit rapidement débloquer une enveloppe inédite (700 millions d’euros sur trois ans) pour aider la Grèce, plongée dans une terrible crise économique. 15 000 à 20 000 migrants continuent d’arriver chaque semaine de Turquie sur les côtes grecques, moins qu’à l’automne mais en nombre "beaucoup trop élevé", selon les dirigeants européens qui craignent un nouvel afflux au printemps. En échange de sa coopération, Ankara a obtenu des contreparties substantielles : la suppression, peut-être dès l’automne, des visas imposés aux ressortissants turcs, une relance du processus d’adhésion à l’UE, et trois milliards d’euros d’aide pour les 2,7 millions de Syriens réfugiés en Turquie. Les 28 tenteront également ce jour de rétablir un peu de discipline au sein du bloc. Plusieurs États membres refusent en effet de mettre en œuvre la répartition de 160 000 réfugiés dans l’UE, agréée en septembre pour soulager la Grèce et l’Italie. Lors d’un prochain sommet des dirigeants de l’UE, le 17 mars prochain, Bruxelles devrait proposer une réforme visant à centraliser les demandes d’asile au niveau de l’Union Européenne, selon le Financial Times. FG

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