The Danish Girl // De Tom Hooper. Avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander et Amber Heard.
Si Carol aura été le film que les années 50 n’ont jamais eu sur l’homosexualité, The Danish Girl pourrait bien aller dans la même lignée afin de parler de transgenre, un monde très peu connu et encore moins pour les années 30. Adapté du roman de David Ebershoff par Lucinda Coxon (The Crinsom Petal and the White), The Danish Girl un très joli film où Tom Hooper reproduit un schéma qu’il connaît parfaitement bien. On l’a déjà vu avec Le Discours d’un Roi ou encore dans Les Misérables. Sa façon de donner de la lumière sur le visage des personnages est vraiment intéressante. Et il fallait bien ça pour un film de cette envergure avec un héros (une héroïne ?) aussi fort(e). Il fallait de la lumière et Tom Hooper explose l’écran de cette luminosité très esthétique. Le film parle très bien à la fois de la découverte de soi, de son corps et de sa sexualité, mais aussi de la découverte de la cruauté du monde (notamment quand Einar est tabassé dans un square). Ce n’est pas facile de réaliser un tel film car il ne faut pas en faire des tonnes, mais nous proposer quelque chose de touchant qui saura nous emporter malgré tout. Si le film est globalement très joli, le problème vient peut-être d’Eddie Redmayne qui par moment donne l’impression de trop en faire.
The Danish Girl retrace la remarquable histoire d'amour de Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener, l'artiste danoise connue comme la première personne à avoir subi une chirurgie de réattribution sexuelle en 1930. Le mariage et le travail de Lili et Gerda évoluent alors qu’ils s’embarquent sur les territoires encore inconnus du transgenre.
J’ai bien aimé l’acteur dans Une merveilleuse histoire de temps et il mérite son Oscar (enfin, on ne va pas revenir là dessus) mais ici, même s’il brille par moment (notamment lors de la première sortie publique de Lili), il y a d’autres moments où le tout est un peu trop appuyé. Heureusement pour nous, l’alchimie travaillée entre Eddie Redmayne et Alicia Vikander fait le plus gros du travail du film. C’est sur ces deux là que repose en grande partie ce film. Tout commence comme une sorte de jeu de rôle, puis tout se transforme alors en une sorte de dure et triste réalité. Afin de parler de transgenre, Tom Hooper s’appuie donc énormément sur le travail d’artiste de ces personnages. Leur relation va connaître ses hauts et ses bas mais c’est ce qui va donner vie au film. C’est là que Tom Hooper parvient à nous proposer quelque chose. En apportant un peu de froideur à l’ensemble, il parvient à apaiser un peu le jeu parfois outrancier (notamment dans le larmoyant) d’Eddie Redmayne. Si ce dernier reste parfait physiquement pour le rôle, je ne suis pas sûr et certain qu’il avait besoin d’appuyer autant sur l’ambulance. Surtout que le transgenre n’est pas quelque chose qui doit être surjoué. Le film aurait pu prendre son temps, déroulé les choses un peu autrement et donner à l’acteur l’occasion d’être un peu plus tendre.
Ce qui est cependant frappant avec The Danish Girl c’est de savoir que cette histoire est vraie, celle de Gerda Wegener et Einar Wegener, deux amants maudits par un jeu de rôle qui a permis à Einar de comprendre totalement qu’au fond de lui il est une femme qui s’est ignorée. Dans le genre, je préfère cependant Lawrence Anyways, le film de Xavier Dolan que j’avais trouvé beaucoup plus juste (notamment dans l’interprétation). Mais Alicia Vikander crève l’écran, volant la plupart du temps la vedette à Eddie Redmayne. C’est elle le coeur de ce film, c’est elle qui a instigué ce jeu de rôle et c’est donc elle qui a tout changé. Ce n’est pas un sujet facile et pourtant, il prend pas mal de pincettes avec nous pour nous éviter de trop en faire du côté dramatique. Certes, il y a tous ceux qui vont vouloir enfermer Lili, tous ceux qui vont vouloir lui mettre des battons dans les roues etc. Quand on regarde le regard de cette époque on se dit tout de même que l’on est bien mieux de nos jours que dans les années 30. D’une part car il est plus facile de devenir une femme (ou un homme), mais aussi car le transgenre est tout de même mieux accepté maintenant qu’il ne l’a été fût un temps.
Note : 6.5/10. En bref, Eddie Redmayne en fait un peu trop, mais Alicia Vikander relève le niveau.
Date de sortie : 30 janvier 2016