Pauline d'Alexandre DUMAS

Par Lecturissime

Pauline, paru en 1838, est l'un des premiers romans d'Alexandre Dumas dans lequel on trouve en filigrane les grands ressorts de son oeuve romanesque.

Le narrateur reçoit le récit d'Alfred de Nerval, un peintre ami qui lui raconte l'histoire de Pauline, jeune femme mystérieuse qui se dérobe aux yeux du narrateur et des autres, comme si elle craignait d'être reconnue. Que cache-t-elle ? Alfred brosse le portrait d'une jeune femme innocente et pure que les hasards de l'existence auront mis en présence d'un être sombre, le comte Horace de Beuzeval, homme fascinant dont l'"âme est un abîme d'où rien ne sort" mais qu'elle épousera par aveuglement.

Sous l'influence de Walter Scott, Alexandre Dumas écrit ici un roman gothique avec des tempêtes, des abbayes en ruines, des passages secrets, des amitiés tout aussi secrètes, des crimes violents, une femme enterrée vivante, des êtres diaboliques... Comme dans les romans gothiques "Personne n'ignore par expérience que le danger inconnu est mille fois plus saisissant et plus terrible que le péril visible et matérialisé."

Mais Pauline résonne aussi d'accents romantiques avec l'importance accordée à la nature, le lyrisme brûlant de certains passages, l'amour platonique d'Alfred et la sensibilité de Pauline. Les héros sont des êtres soumis au mal du siècle, riches, mais trainant leur désoeuvrement, des personnages las de leur environnement.

"Le grand malheur de notre époque est la recherche du romanesque et le mépris du simple. Plus la société se dépoétise, plus les imaginations actives demandent cet extraordinaire, qui tous les jours disparaît du monde pour se réfugier au théâtre ou dans les romans ; de là, cet intérêt fascinateur qu'exercent sur tout ce qui les entoure les caractères exceptionnels." p. 104

Par le biais d'aventures passionnantes placées sous l'égide d'un mystère envoûtant, Pauline propose un habile portrait de la société contemporaine. Un récit peu connu de l'auteur à redécouvrir !