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Une terre pas si sainte par Pierre Pouchairet

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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Lorsque j’ai écrit Une terre pas si sainte, je vivais en Palestine à Naplouse, la seconde ville de Cisjordanie, deux cents mille habitants, mais surtout plusieurs camps de réfugiés dont Balata, un peu moins de trente mille personnes qui vivent dans l’espoir d’un retour sur les terres dont ils ont été expulsés après la création d’Israël. Le camp est devenu un des hauts lieux de la résistance anti-israélienne. Tsahal y effectue régulièrement des descentes et Naplouse a été le théâtre de violents combats durant les deux intifadas. J’ai tout de suite eu envie de décrire cet endroit qui fait peur aux juifs israéliens alors que les Palestiniens sont très ouverts et accueillants vis-à-vis de la communauté internationale. Avec ma femme nous venions d’Afghanistan et il était bizarre pour nous d’entendre les Israéliens nous dire qu’ils comparaient Naplouse à Bagdad ou Kaboul. 

Les témoignages de gens ayant décidé de prendre la plume après avoir séjourné en Palestine ne se comptent plus. Cela n’a rien d’original et en général l’exercice consiste à prendre fait et cause pour l’une des parties. Les polars sur la région sont rares, Matt Rees, un Britannique qui a vécu à Jérusalem est l’un des seuls à s’y être essayé. Les grands auteurs de polars israéliens n’abordent pas ou peu, le sujet. Une bonne raison pour essayer.

La fiction m’a permis de décrire les lieux où je vivais et de donner une parole « libérée », voire décomplexée à mes personnages. L’action colle à la réalité puisque j’ai utilisé pour base plusieurs faits divers qui se sont déroulés dans la région durant la période que j’ai passée là-bas. Si ce qui est écrit n’est pas réel, ça n’en est pas moins possible. Plusieurs personnages ont une existence presque réelle, à commencer par Maïssa, la jeune policière palestinienne.

Et puis mon livre est également connecté à la France puisqu’en parallèle aux aventures israélo-palestiniennes, un groupe des stups de la PJ niçoise enquête sur un trafic de drogue. Pour cette partie je me suis également basé sur mon expérience et quelques souvenirs puisque j’ai été pendant presque douze ans à la place de Gabin à la PJ niçoise et qu’il occupe mon bureau. 

Une petite anecdote : j’ai vécu l’intervention relatée dans la cité des Moulins à Nice et l’interpellation d’un jeune garçon pris de démence. Dans la vraie vie, cela se déroulait en région parisienne. Le RAID, qui n’avait qu’une année d’existence, avait été appelé pour interpeller un forcené qui venait de tuer sa mère, sous prétexte qu’avec l’aide du KGB elle lui avait vissé des circuits imprimés dans le crâne.

J’ai voulu montrer que rien n’était blanc ou noir et surtout pas les gens qui vivent dans cette région il y a de chaque côté des gens de compromis mais aussi des salopards. Ma grande fierté est le fait qu’Une terre pas si sainte ait été appréciée aussi bien par les pro-Palestiniens qui y voient un livre en faveur de la cause palestinienne, que par les Juifs israéliens qui l’ont lu et m’ont félicité pour mon objectivité. J’ai eu l’occasion de présenter le livre à Jérusalem et Tel-Aviv et il a été fort bien accueilli. Je n’ai tout de même pas pris le risque d’essayer d’aller le présenter dans les colonies… Je doute que l’accueil aurait été aussi bon.


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