Le titre, la couverture m’ont été droit au cœur. J’étais d’autant plus curieuse que je n’avais jamais lu Aline Apostolska.
Je n’ai pas été déçue, ni par le livre, ni par l’auteure. Je fais une séparation entre les deux (livre et auteure) mais à peine s’il y en a une. Et c’est d’ailleurs à ce moment-là que l’on ressent le plus fortement le besoin d’en tirer une.
C’est une histoire d’amour. Par ces quelques mots, tout pourrait avoir été dit. Une vraie de vraie qui torture les cœurs à ses premiers balbutiements parce que « normalement », elle ne devrait pas naître, cette histoire.
Les deux cœurs sont situés aux confins un de l’autre, chacun sur des îles : Montréal et Ile bleue des Caraïbes. Ensuite, les corps sont situés aux confins un de l’autre : l’homme est plutôt au début de sa vie et la femme est plus mûre, disons. Qui se torturera le plus pour cet aspect ? La femme bien sûr. Celle-là même qui a peur de faner, comme toutes les fleurs qui ont été fraiches. La femme sait mieux que l’homme ce qu’est de faner, ne serait-ce que parce que son système reproducteur meurt aux orées de la cinquantaine. L’homme, non. La maturité lui va bien habituellement, le moindrement qu’il prenne soin de lui.
Les langues maintenant. Elles devraient s’entremêler dans une même salive eh bien, elles sont différentes, l’espagnol chez un, le français chez l’autre. Il y a rapidement une terre mitoyenne qui sera étendu mais elle cherchera ses mots mais pas ses silences. C’est l’espagnol qui gagne la palme. Des poèmes en langue espagnole jonchent la terre de leur amour. Je ne les ai pas lus, aucun en fait, car j’ai réalisé à la fin seulement qu’il y avait une traduction soumise par l’auteure elle-même.
Ah oui, j’ai complètement oublié de vous dire qu’il s’agit de Roméo et Juliette. Je me suis retenu de ne pas dire Juliette et Roméo car, après tout, c’est Juliette qui s’adresse à nous. De Roméo, on entend parler. Est-il déformé par Juliette ? Nous ne le saurons pas. C’est une histoire de confiance aux perceptions de l’auteure qui vire son cœur à l’envers, comme une poche, le retourne de tous les côtés, essayant de comprendre s’il y a du contenu. Quoi, un amour de vacances à son âge ! Quelle idée bête et dangereuse. Mais Roméo est si convainquant et les corps exultent et elle est tout à coup si jeune sous son regard ; comment résister à cette eau de jouvence ?
C’est une histoire d’amour décortiquée où la moindre graine sera fouillée dans les sols fertiles et mouillées. Je n’ai pas besoin de faire de dessin, je vous confie le soin de trouver vos images.
Accrochée à cette écriture franche et directe, tout en pause et en prose, j’ai passé un bon « quart d’heure ». J’ai essayé autant qu’elle de démystifier les cœurs bleus de ce monde. C’est une histoire intime, si intime que l’on ne voit plus de différence entre le « je » d’un journal et le « je » romancé. Et peut-être, y en a-t-il pas, par tout le savoir-dire et le savoir-faire d’une romancière aguerrie.
Pour les amoureux des cœurs bleus, habitant sur des îles qui se rapprochent par mers et ponts.