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Pour cette proximité fusillée…

Par Spiga

« Qu’observe-t-on aujourd’hui dans la nature autour de nous? Quelques pauvres cerfs, sangliers ou renards qui nous fuient à deux cents mètres, qui ne sont plus que des ombres craintives et nocturnes. Parce que la chasse dite sportive entretient une peur viscérale de l’homme. Autrement dit, ce qui est devenu un loisir pour une petite minorité d’entre nous conditionne complètement la vie de tous ces animaux et toutes nos relations avec le sauvage. »

Extrait de l’édito de Julien Perrot dans « La Salamandre » no 232, page 3

Après une longue période sans contact avec le terrain, je profite de quelques heures de libre pour aller affûter l’un de mes endroits favoris sur les hauteurs du Val-de-Travers. Un bref repérage la semaine précédente m’avait permis de relever de nombreuses traces de chamois, chevreuils et renards, c’est donc plein d’espoirs que je me suis glissé discrètement au pied d’un grand sapin en espérant la venue d’un être à poils ou à plumes.

Après deux heures d’attente vaine et sous un soleil déclinant, je me résout à plier le matériel un brin déçu. Sur le chemin du retour, j’aperçois un renard à environ 400 mètres de ma position. Concentré sur sa chasse, il ne lève pas le museau du sol et ne me remarque pas. Je profite donc de me glisser au pied d’un arbuste et de déplier le trepied en espérant que nos routes se croiseront. S’il s’éloigne tout d’abord en direction de la forêt, le goupil fait soudain volte face pour se diriger droit sur moi d’un pas décidé. La tension monte, et je profite de le voir disparaitre dans une petite dépression de terrain pour parfaire mon camouflage et vérifier les réglages sur le boitier. Je retiens mon souffle en espérant qu’il réapparaîtra suffisamment près pour me permettre de réaliser enfin ce portrait serré de renard en pelage d’hiver que j’attend depuis longtemps.

Après de longues minutes d’attentes, le goupil fait son apparition à quelques dizaines de mètres sur ma gauche. Entouré de taupinières et éclairé par les derniers rayons de soleil du soir, il est magnifique et fier. Fin connaisseur de son territoire, il aura mis en tout et pour tout 3 secondes pour remarquer que quelque chose clochait au pied de cet arbuste. Sans me laisser le temps de cadrer, Maître Renard a pris la poudre d’escampette en direction de la forêt. Le portrait serré attendra…

Heureux de cette belle rencontre mais déçu de ne pas avoir pu l’immortaliser, j’ai longuement repensé au regard plein de peur que ce renard m’a adressé avant de fuir. En rentrant, je me plonge dans le dernier numéro de « La Salamandre ». L’édito de Julien Perrot m’a fait me sentir moins seul dans mes réflexions…

Val-de-Travers, le 06 mars 2016


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