Ce roman n’est pas vraiment un polar au sens classique du terme. Il y a différentes intrigues dont on suit les répercussions sur une vingtaine d’années. Il ne met pas en scène des héros mais des hommes ordinaires, face à des choix, les conséquences de leurs actes ou leurs souvenirs d’enfance.
Les personnages principaux sont Patrick, Maxime et Vincent qui au retour d’une fête trop arrosée le jour de la finale de la coupe du monde de football en 1998 ont un accident. Ils décident de le passer sous silence, ce qui aura des répercussions des années plus tard. Le même jour une autre jeune fille du village Marie est violée à Nancy. On suit au cours des différentes pages les conséquences que ces évènements auront sur leur vie.
Ce roman est original dans sa construction, puisque le narrateur s’amuse à nous raconter parfois ce qui va arriver. Ce qui au départ est un peu déroutant, mais finalement cette voix du narrateur pousse aussi à continuer la lecture. Le style de l’auteur est précis, avec une construction psychologique fouillée des personnages. Il donne un côté fresque au récit.
La chronique du village donne une tonalité sociale autour de son usine de soutien gorge, ce qui est orignal et donne un côté réaliste au récit. Le monde de l’usine est bien décrit comme les ouvrières. L’évolution de ce monde bouleversé par la crise, le chômage, la mondialisation est intéressante. Une véritable radioscopie de la France en crise qui essaye de se révolter à l’image des ouvrières face à Vincent devenu le patron de l’entreprise. Le personnage de Mélie, jeune fille dynamique qui se révolte est touchant.
Les descriptions sont précises et nous font rentrer dans un monde foisonnant, celui de ce petit village où on se sert les coudes. Les secrets de famille, l’importance de la réputation est bien retranscrite. J’ai aimé cette ambiance, la réflexion sur la justice autour de ces évènements dramatiques. Cette chronique sociale donne son originalité au récit qui ne se contente pas de dérouler son intrigue, mais fait des va et vient entre passé, présent. Le rythme est lent pour bien mettre en place à travers les différentes parties, les protagonistes comme dans une pièce de théâtre en plusieurs actes. J’ai apprécié le côté développé de l’intrigue, le fait qu’il n’y a pas les codes classiques du polar. J’ai été touché par le personnage Maxime jeune homme paumé, qui trouve une épaule autour de Marie elle aussi blessée par la vie et qui a perdu son insouciance. De même, le personnage de William, ancien flic de Marseille qui se raccroche à ses souvenirs d’enfance est touchant. Cette recherche sur les choix que l’on fait, la route à suivre est intéressante.
Donc découvrez pourquoi ce qu’il nous faut c’est un mort, en fouillant dans les secrets du village et de ses personnages.