Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 179

Publié le 06 mars 2016 par Antropologia

La bise

Des rendez-vous imaginés n’ayant pu se concrétiser, j’errais dans Paris ce qui m’a conduit – nécessairement – Place des Vosges, la Place Royale de Corneille. En sortant, j’entends – Bernard ! – je me retourne, c’était Marie-Paule. Bise. Elle me présente sa fille, douze ans : je luis serre la main. Nous bavardons, notre retraite, Coulon, Manciet, les Landes… Elle était pressée. Bise à elle, et je serre la main de sa fille. Par analogie, aurais-je dû lui faire une bise ? Cela aurait été la traiter comme une enfant – ce que à l’évidence, elle n’est plus – ou comme une partenaire, ce que je n’ai pas voulu lui signifier.

Je n’ai jamais lu quoi que ce soit sur les baisers, les amants sur la bouche afin de montrer leur statut réciproque, les proches (le masculin l’emporte sur le féminin) sur la joue, les autres par une poignée de main.

Cette trilogie – bouche, joue, main – se redouble par le discours, celui du « tu » et celui du « vous ». J’ai toujours tenu à vouvoyer les personnes sur lesquelles j’avais la moindre autorité, fut-elle symbolique. Leur changement de statut – soutenance de thèse, publication d’un livre… – amenait l’usage au travers de balbutiements réciproques, l’utilisation du « tu ».

Si je lui avais parlé, j’aurais certainement tutoyé la fille de Marie-Paule, des mots, mais tout contact physique aussi subreptice soit-il m’apparaissait interdit. Prohibition de l’inceste diront les imbéciles pour éviter de comprendre.

Bernard  Traimond