Coretta, c’est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre assez rare pour mériter un article, du moins pour commencer. Assez paradoxal me direz vous de vouloir le publier quand tout pousse à garder le secret. Par égoïsme? Non. Pas par crainte. Non plus. Peut-être alors un peu par superstition timide, une sorte d’accord tacite. Parce que Coretta, c’est vrai, on ne s’y attendait pas.
On avait été pas mal déçue des précédents diners. Si bien qu’on avait presque tiré un trait sur la scène gastro parisienne. Oui. Parce qu’à force de se dire que le prochain gueuleton serait exceptionnel, qu’on n’avait peut-être juste pas eu de chance jusque là en choisissant le menu, on ne jetait plus qu‘un coup d’œil distrait aux nouveautés, comme aux gros titres des journaux. On n’allait de tout de même pas s’abonner à Surf magazine pour le plaisir d’avoir quelque chose à lire … Mais la vérité, c’est qu’on avait perdu le goût et les papilles. Oui. On avait perdu l’appétit.
Le plus drôle, c’est que Coretta, c’était tout à côté de chez nous, à 5 euros en Uber, 2 arrêts de bus pour les flémards, gratos en Vélib. La porte à côté, je vous dis ! Et pendant un temps, on est passé devant sans faire attention, le pas décidé, l’oreillette et les œillères en mode « on ». A notre décharge, il faut avouer que Coretta n’était pas vraiment libre. Les tables étaient bookées par des habitués depuis des mois, et ça se savait. Alors appeler pour essuyer un poli refus en mode, ‘désolé Mademoiselle, je n’ai aucune disponibilité pour vous‘, c’était pas vraiment une option sauf peut-être pour l’affamée un peu maso qui ne nous ressemblait pas.
Et puis un jour, on s’est dit que ça valait la peine de mettre son nom sur la liste d’attente, et que le changement, c’était maintenant. Pourquoi? Parce que, insensiblement, au fil des jours, Coretta était devenu un sujet de désir. Et que, pour la première fois depuis très longtemps, on s’était laissée prendre à observer ce désir se transformer en envie, peu à peu, sans culpabilité, sans filet. Alors, surprise de cette témérité nouvelle et inhabituelle, on a appelé. La peur de trouver table close avait disparu. Et juste ça, c’était délicieux.
Coretta ne déçoit pas. Coretta, ce n’est pas comme on l’imaginait. C’est mieux que ça. C’est comme on ne l’imaginait pas. Coretta, c’est à la fois la table qu’on choisit pour les grandes occasions, et celle où on aime échouer sur un coup de tête. C’est surtout celle qui donne des envies d’encore. Parce qu’on s’y sent bien, sans chichi, sans faux-semblant. C’est simple. C’est bon. C’est franc, ça n’anguille pas, c’est sûr de soi. On a beau y aller souvent, on ne s’en lasse pas. Parce qu’à chaque repas, on découvre des nouvelles saveurs et des détails qui nous avaient échappé. Bref, Coretta, on ne s’y attendait pas, et c’est très bien comme ça.
Où: 151 bis Rue Cardinet, 75017 Paris – 01 42 26 55 55
Quand: un vendredi soir par exemple
Avec qui: ceux avec qui vous voulez passer un bon moment
Sans votre Ipod: Infirmière, Fauve
A vos pieds: le parc des Batignolles