Tes yeux m’interrogent, de Rabîndranâth Tagore

Par Etcetera

Je viens de trouver ce poème de Tagore (1861- 1941) sur le blog arbre à lettres, dont voici le lien : https://arbrealettres.wordpress.com/2016/03/05/tes-yeux-minterrogent-rabindranath-tagore-2/
J’ai trouvé ce poème d’amour si beau et si juste que j’ai eu envie de le partager ici !

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Tes yeux m’interrogent, tristes, cherchant à pénétrer ma pensée ;
de même la lune voudrait connaître l’intérieur de l’océan.
J’ai mis à nu devant toi ma vie tout entière,
sans rien omettre ou dissimuler.
C’est pourquoi tu ne me connais pas.

Si ma vie était une simple pierre colorée,
je pourrais la briser en cent morceaux
et t’en faire un collier que tu porterais autour du cou.

Si elle était simple fleur, ronde, et petite, et parfumée,
je pourrais l’arracher de sa tige et la mettre sur tes cheveux.

Mais ce n’est qu’un cœur, bien-aimée.
Où sont ces rives, où sont ses racines?
Tu ignores les limites de ce royaume sur lequel tu règnes.

Si ma vie n’était qu’un instant de plaisir,
elle fleurirait en un tranquille sourire
que tu pourrais déchiffrer en un moment.

Si elle n’était que douleur, elle fondrait en larmes limpides,
révélant silencieusement la profondeur de son secret.

Mais ma vie n’est qu’amour, bien-aimée.
Mon plaisir et ma peine sont sans fin,
ma pauvreté et ma richesse éternelles.

Mon cœur est près de toi comme ta vie même,
mais jamais tu ne pourras le connaître tout entier.

(Rabîndranâth Tagore)

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