En voyageant par train, ils aperçoivent le profil d'un mouton noir qui broute.
Le premier homme en conclut que les moutons australiens sont noirs.
Le deuxième prétend que tout ce que l'on peut conclure est que
certains moutons australiens sont noirs.
Le troisième objecte que la seule conclusion possible est qu'en Australie,
au moins un mouton est noir.
Le quatrième homme, un sceptique, conclut qu'il existe en Australie
au moins un mouton dont au moins un des côtés est noir.
Raymond Chevalier
Nous construisons des "théories", des "schémas explicatifs", pour comprendre et interpréter le monde qui nous entoure. Leur utilité est énorme : ils permettent de mettre rapidement de l'ordre dans notre environnement et d'y évoluer de manière efficace.
Il arrive cependant que des faits imposent de revoir ces schémas. Or nous sommes parfois très malhabiles, voire récalcitrants, à le faire, ce qui nous conduit parfois à nier l'évidence.
Cela s'explique en partie par certaines erreurs de raisonnement ou encore une conclusion tirée de l'observation d'un trop petit nombre de cas ou de cas non représentatifs. Cela se traduira par une tendance à retenir volontiers des faits qui sont immédiatement disponibles, à ne considérer que certains d'entre eux, particulièrement spectaculaires ou frappants pour toutes sortes de raisons, au détriment de données plus fiables et dignes de confiance, mais aussi plus éloignées et moins extraordinaires.