Comme souvent par les temps qui courent, la fin de la semaine rime avec opposition frontale entre blogs. A ma droite, c'est Lomig "d'Expression Libre" qui a allumé la mèche en se fendant d'un billet un rien taquin et accrocheur sur la gauche française et sa représentation dans la blogosphère. Je vous laisse prendre connaissance du fond de son propos qui n'est pas dénué de tout sens mais qui divague quelques fois dans des généralités et des apprioris regrettables. Il n'en fallait pas autant pour qu'un des représentants de la "left blogosphère" se réveille et n'attaque la droite. Bien au delà de la "droite Sarkozienne" qui centralise pourtant souvent bon nombre des critiques de cette frange là des blogeurs, c'est le principe même de libéralisme qui est visé. C'est dans ce cadre que je m'en vais ajouter ma minuscule pierre à l'édifice opposant à coup sûr ma vision à celle de celui qui se considère trés modestement comme "un blogueur zinfluent" que "les libéraux sucent [...] pour avoir un lien en retour".
Un libéral qui suce - Mode ON
Dans ce débat tout d'abord, il est important de noter que la pire des insultes que l'on puisse faire au camp d'en face c'est d'être idéologue. De mon point de vue pourtant, n'importe quel discours de nature politique ou même économique ne peut échapper à des racines idéologiques, c'est d'ailleurs le fondement des divergences qui segmentent le paysage politique. Nous n'avons pas la même vision d'une société, de son développement, ni de ce qui est bien pour les citoyens qui y vivent. A ce propos, bien plus que d'être "l'art de gérer la cité", qu'est ce que la politique si ce n'est l'art de transformer des théories en applications concrètes ? Ce qui est paradoxal c'est qu'en poussant les débats entre adversaires politiques on n'en revient toujours au mêmes questions philosophiques de la place de l'homme dans le système. Parler de politique ce n'est pas uniquement tenir un drapeau "Parti Socialiste", en parlant vaguement de chômage, de précarité, de pouvoir d'achat et en disant que Sarkozy c'est caca.
Revenons au libéralisme. C'est un petit écossais qui est à la source de tout le déroulement de l'idéologie libérale. Un certain Adam Smith philosophe et économiste (tiens encore de la philosophie à l'origine de la pensée économique) de profession. Le bonhomme en à écrit des bouquins, et à même suscité chez certains des révélations. En épaississant le trait pour se rendre la tâche plus facile, l'on peut déceler deux branches majeures de l'idéologie libérale. La première concerne le libéralisme politique et social, que certains appellent "libertarisme" et qui prône une totale liberté de l'activité sociale de chacun et une réduction substantielle du volume des lois qui régit une société. Ce modèle de pensée trouve ses illustres descendants bien plus dans les rangs soscialistes (voir alter-mondialistes) qu'au milieu des partis dit de "droite" en France ou ailleurs. La seconde branche concerne le libéralisme économique. C'est celle ci qui fait l'objet de tant de critiques pour certains et de tant de croyances et d'espérances pour d'autres. En l'état la théorie de libéralisme économique n'est raisonnablement pas applicable. Simplement car elle à le défaut de considérer les marchés comme purs et parfaits, chose qu'ils ne sont quasiment jamais. Le soucis principal dans la théorie libérale c'est que lorsque un domino chute, il entraîne avec lui ses petits copains, déstabilisant l'organigramme économique imaginé. Comme pour la théorie Marxiste du reste, l'idéologie n'a jamais été et ne sera jamais applicable sans concessions ni adaptations. Ce qui est paradoxal c'est que Nicolas J (le blogueur qui se fait "sucer par les blogs de droite") se réjouit que le libéralisme n'ai jamais été appliqué dans aucun des pays de ce monde. Et pourtant, en attentif lecteur de ses pensées que je suis, c'est assez souvent que je tombe sur des critiques de cette France trop libérale, de cette Europe trop libérale, de cette OMC trop libérale ou de ces Etats Unis trop libéraux.
Le libéralisme, plus précisément son adaptation est en réalité le fondement de nos sociétés et l'origine de notre constant développement économique et social depuis plusieurs siècles. Aujourd'hui, l'erreur commise par la plupart des observateurs reste en revanche de considérer que les plus ou moins récentes dérives du système capitaliste (qui favorise l'entrepreneuriat, l'investissement) vers une système financier (qui favorise la rentabilité, le profit, la rente) demeure de la sphère libérale. Ce qui est strictement faux. Le modèle présente un réel besoin d'être recentré au risque d'imploser.
Pour ne pas verser totalement dans un billet qui pourrait être considéré comme "trop théorique" et donc nul, je m'en vais désormais considérer le libéralisme au niveau français. Nicolas J est plutôt proche du PS (pas encarté si mes souvenirs sont bons, Nicolas ?). Par une généralisation plutôt douteuse, la gauche française considère depuis des années que la droite = libéralisme. Heu enfin, plus trop maintenant parce qu'il faut bien être élu, et donc il faut draguer le Modem et donc il faut pas dire que le libéralisme c'est caca. Hum reprenons, la gauche n'aime pas les libéraux et le libéralisme mais s'évertue à jouer le plus libéral des candidats de gauche. Qui a dit que c'était compliqué ? A droite ce n'est pas moins risible. La structure française est historiquement articulée autour d'un Etat fort. Quoi qu'il en dise, N. Sarkozy est autant libéral que ce que moi je suis encarté à la LCR. Comment dire d'un président qu'il est libéral (économiquement j'entends) après l'épisode Alstom, Gandrange, Chantiers Navals, Euro fort, droit du travail, retraites, sécu, Total ? Chacun de ces épisodes prouvent un peu plus le peu de relation entre le pouvoir en place et les théories libérales. Si aucun pays ne peut appliquer la théorie intégralement (pas même les USA)Chacun peu en revanche plus ou moins s'en inspirer. En France ce n'est clairement pas le cas. Pour ce qui me concerne, je ne suis donc pas en quête d'une application totale des théories libérales mais bien d'une inflexion certaine du modèle français plus souple, encourageant l'innovation, la prise de responsabilité personnelle et moins d'intervention d'un Etat nounou que les citoyens ne savent que trop saisir à la moindre occasion.
Dans mon pays qui est la France, je suis citoyen et possède en conséquence un bulletin de vote. Rejetant l'abstention (car elle équivaut au silence) et le vote blanc (trop peu considéré), je vote en fonction de mes idées. En France, je ne dispose que peu de choix pour être franc, je suis donc de droite (et le clame haut et fort) par défaut, chose que je ne cesse de répéter depuis l'ouverture de ce blog mais que personne ne semble croire possible.
J'ai voté Sarkozy, le candidat du pouvoir d'achat, qui privilégiait donc ouvertement la relance de la croissance par la demande plus que par l'offre (encore très libéral). Mais je préfère de loin ce qui se passe aujourd'hui dans mon pays que la perspective qui m'était offerte par la gauche et Ségolène Royal. Et lorsque je vois les deux principales têtes d'affiche du PS se disputer l'étiquette libérale, chose qui devrait être un réel avantage en vue de l'élection au poste de premier secrétaire, je me dis que finalement, la gauche aussi a bien compris.