Quand il s’agit de stress tout est question de » dosage » ou de durée. Ici, les chercheurs de l’University of California – San Diego révèlent comment des moments de stress aigu vont entraîner des altérations moléculaires dans la réponse immunitaire. Des résultats publiés dans la revue Brain, Behavior and Immunity, originaux car issus d’une expérience unique -que certains apprécieront- sauter d’un avion.
Les effets négatifs sur le système immunitaire humain, du stress chronique n’a pas que des effets néfastes
L’équipe de chercheurs de l’Université de Californie a finalement abordé la question le plus directement du monde, en demandant à 39 participants (24 hommes, 15 femmes) en bonne santé, de sauter littéralement d’un avion. C’était leur premier saut, effectué en tandem- c’est-à-dire, attaché par un harnais à un instructeur qui guide le sujet durant le saut, la chute libre et l’atterrissage. Des échantillons de sang ont été prélevés avant et après le saut afin de mesurer les indicateurs clés de la réponse immunitaire. Les profils d’expression d’ARN ont été mesurés chez 13 participants afin de comprendre les signatures moléculaires associées au stress et les changements dans la composition des cellules immunitaires dans le sang ont été étudiés par cytométrie en flux, chez 26 participants. Enfin des échantillons de salive ont été prélevés toutes les 15 minutes du matin au soir de la journée du saut.
L’analyse permet d’identifier
· des changements dans les globules blancs qui se produisent avant et après un stress psychologique aigu. Les effets sur les globules blancs s’avèrent très transitoires et leurs niveaux reviennent à la normale très rapidement (1 heure après l’atterrissage).
· Des gènes et des voies moléculaires spécifiques impliqués à la fois dans » l’inné » et la réponse immunitaire adaptative en réponse au stress aigu : ces expressions génétiques reviennent rapidement à des niveaux naturels normaux après le saut mais s’avèrent similaires, au moins en partie, aux effets de l’infection virale chronique.
· Enfin, curieusement, ces gènes » de réponse au stress » s’avèrent différents entre les hommes et les femmes, ce qui peut contribuer à expliquer les différences observées entre les sexes dans le développement du stress cardiovasculaire ou d’autres types de stress.
Globalement la réponse immunitaire au stress s’avère similaire à la réponse à des agents pathogènes : un stress ou une infection aiguë active le système immunitaire, alors que le stress ou l’infection chroniques épuise le système immunitaire et le rend moins efficace à répondre aux nouveaux événements stressants ou à de nouveaux agents pathogènes. Bref, il existe bien un effet sur le système immunitaire, comparable à celui d’une infection aiguë, avec un retour rapide à la normale, mais il existe bien des biomarqueurs spécifiques au stress aigu. Ainsi, de prochaines études pourraient permettre d’identifier ces gènes cibles, afin de développer des stratégies thérapeutiques permettant de mieux faire face aux effets d’un stress ou d’une infection aiguë.
Source: Brain, Behavior and Immunity Feb, 2015 doi: 10.1016/j.bbi.2014.08.008 Salivary markers of inflammation in response to acute stress
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