L’équipe de recherche internationale montre, lors d’une première expérience, que lorsque les participants (33 jeunes hommes et 48 jeunes femmes) sont invités à évaluer l’attractivité d’un visage aux traits mixtes, ils ont tendance à le juger comme moins attrayant si, auparavant, ils ont été invités à évaluer un visage typiquement masculin ou féminin. Et, gobalement, la préférence générale des participants va aux caractéristiques plus féminines et les mélanges de genre sont moins bien acceptés après la vision de visages très sexués.
Ainsi, le fait d’avoir à faire un effort mental pour catégoriser un visage pourrait nuire à notre objectivité : le psychologue Piotr Winkielman, de l’UCSD explique ainsi : » l’effort mental peut colorer de manière négative nos premières impressions, même en cas d’images objectivement plaisantes. Ainsi, l’effort mental nécessaire pour attribuer un genre à un visage ambigu a un effet négatif sur la perception de ce visage « .
Dans une seconde expérience, les auteurs ont demandé aux participants de classer les visages ambigus selon un critère sans rapport avec le sexe, ici l’appartenance ethnique. Dans ce contexte, les participants ne jugent pas les visages ambigus moins attrayants que les visages bien typés par sexe.
Selon les auteurs, cela remet en question l’explication classique liée à notre évolution, aux objectifs de » reproduction » et aux hormones. Cette propension à mal » accepter » l’ambiguïté d’un visage pourrait tout simplement s’expliquer par un processus cognitif simple. En somme, l’attractivité d’un visage en fonction de ses caractéristiques masculines et féminines dépend aussi du processus cognitif. Un mélange de traits masculins et féminins rend ce processus plus complexe et entraîne un effet négatif, mais seulement lorsque cette classification de genre est nécessaire. Et dans ce contexte, cette difficulté cognitive explique le degré d’aversion pour un visage plus androgyne.
Source: PLoS ONE February 4, 2016 DOI: 10.1371/journal.pone.0146328 Johnny Depp, Reconsidered: How Category-Relative Processing Fluency Determines the Appeal of Gender Ambiguity