Un film de Woody Allen (1977 - USA) avec Woody Allen, Diane Keaton, Tony Roberts, Paul Simon
Dire que je ne l'avais pas encore vu, celui-là.
L'histoire : Alvy, humoriste et animateur télé, aime Annie, aspirante comédienne et chanteuse. Et réciproquement. Mais elle est encore un peu immature et naïve, lui trop blasé et parfois cynique. Ils se chamaillent, se quittent, se retrouvent, s'adorent, se disputent à nouveau... C'est la vie, quoi.
Mon avis : Du pur Woody Allen, comme j'aime. Tragi-comédie toujours sur le fil entre déprime profonde et gros gag... Avec sa muse de l'époque, celle qui s'accordait si bien à son univers, Diane Keaton. Une analyse brillante et drôle de l'amour, et de la difficulté de coordonner - même avec un être profondément aimé - les moments de hauts et de bas, les pulsions, les désirs, les colères, la jalousie... Le couple est adorable et on est navré qu'ils n'arrivent pas à trouver l'équilibre, car ils s'aiment vraiment et sont faits l'un pour l'autre. Il faut dire qu'à cette époque aux USA (mais encore aujourd'hui) la psychanalyse était ultra présente dans certains milieux : tout le monde avait son psy et le voyait plusieurs fois par semaine... et en fait ça compliquait tout ! Je n'ai jamais été très convaincue par ces gens-là... Je les ai vus faire plus de mal que de bien souvent.
Woody et Diane étaient déjà séparés à l'époque, mais sont toujours restés très amis. La phrase du narrateur (Woody) de la dernière scène prend un sens très romantique : "J'ai compris combien elle était formidable et comme ce fut bon de la connaître". Et l'homme de conclure avec cette merveilleuse image : "C'est alors que m'est revenu cette vieille blague... Vous savez, ce gars qui va chez le psychiatre et dit : « Docteur, mon frère est dingue, il se prend pour une poule ! ». Et le docteur lui répond : « Ben c'est simple... faites-le interner ! ». Et le type dit : « J'aimerais bien, mais j'ai besoin des œufs ». Et bien, moi c'est comme ça que j'ai tendance à voir les relations humaines. Au fond, elles sont totalement irrationnelles, dingues, absurdes… Mais il semble que nous faisons avec parce que la plupart d'entre nous ont besoin des œufs… ».
La réalisation étonne, surprend, c'est délicieux : les personnages se retrouvent régulièrement projetés dans le passé et s'observent, plus jeunes, en faisant leurs commentaires ; splits screens où les gens, qui semblent tenir chacun de leur côté de l'écran leur propre conversation, finissent par parler ensemble ; dessin animé ; et des apartés avec nous, spectateurs... C'est très joyeux et ce n'est pas cet aspect-là de Woody que l'on connaît le mieux ! Et j'adore quand il raconte dans ses films (c'est le cas ici) des morceaux d'enfance de ce petit juif aux cheveux roux élevé à Brooklyn.
Les répliques et les dialogues sont comme d'habitude extrêmement savoureux. J'adore notamment la scène où Alvy enfant décrète au médecin chez qui sa mère l'a emmené parce qu'il semble dépressif : "Mais rendez vous compte ! L'univers est en expansion. Ca va donc exploser un jour. Alors... à quoi bon ?". Toutes les névroses de Woody sont résumées là-dedans ! Et comme je pense un peu comme lui... ça me fait vraiment marrer ! Car mieux vaut en rire, non ?
Oscar du meilleur film 1977, mais aussi meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleure actrice. On notera dans de tout petits rôles des acteurs en devenir : les très jeunes Christopher Walken et Jeff Goldblum. Tout mimis.
Le film entre dans mon Challenge, au titre du film oscarisé.