Par les temps qui courent, il est de bon ton de dire tout le bien que l'on pense du bio et, à l'instar d'un Stendhal qui cristalliserait, dès lors qu'une vertu quelconque ne nous serait qu'à peine suggérée, d'en parer aussitôt le bio.
Il suffit ensuite de répéter ça ad nauseum et ça finira bien par devenir vrai.
Ou pas.
Sur les blogs c'est finalement un pêché véniel : tous comptes faits, les blogs sont là pour dire des conneries presque en toute impunité (ouais, le mien aussi).
C'est, en revanche, un peu plus casse couilles sur les media spécialisés et/ou grand public qui ont théoriquement une mission d'information.
La RVF nous dit tout sur les vins bios.
"Quand ils sont bien faits, les vins bio expriment une maturité plus savoureuse, plus digeste".Certes il y a le salvateur (et délicieux) "quand ils sont bien faits", il n'empêche que la maturité plus savoureuse et plus digeste c'est un genre d'Himalaya du grand n'importe quoi.
Maturité plus savoureuse et plus digeste ?
C'est cela même ...
Du côté du Figaro vin on n'est pas en reste, même si l'on fait dans le vin bio chic et choc.
"Aujourd’hui, tous les producteurs sérieux ont passé la certification"T'es certifié bio ou t'es pas sérieux ?
Sérieusement ...
Y a quelques journalistes qui feraient bien de penser à se faire certifier je crois !?
C'est tellement grandiose que ça doit pouvoir se passer de commentaire ce genre de fumisterie.
"La transition entre une vigne surprotégée et sous perfusion de la chimie à une vigne cultivée de façon propre et sans pesticides d’aucune sorte induit une transition difficile où le danger est de tous les instants pendant au moins trois campagnes."Ben ouais ...
Je résume : soit t'es en bio, soit tes vignes sont sous perfusion permanente de glyphosate et autres joyeusetés du genre.
"les dégustateurs font de plus en plus la différence"Ouais, enfin, si par "faire la différence" il nous en remet un coup sur sa galéjade de goût d'ananas conféré aux vins par le désherbage chimique, j'aime autant dire que c'est pas encore tout à fait gagné ...
Un petit coup de Huffington Post ?
Allez : le vin biologique est-il meilleur ?
Il s'agit ici de nous faire la lecture commentée d'un document produit par l'American Association of Wine Economists.
Il y est fait état d'un travail qui envisage de juger d'un éventuel différentiel de qualité entre vins californiens bios / pas bios au travers des notes de 3 revues : Wine Advocate, Wine Enthusiast, et Wine Spectator.
"La conclusion des auteurs est sans appel : la certification bio a un effet statistique significatif sur la qualité des vins, c'est-à-dire sur le jugement qui est rendu par les experts !"Euh ... ouais.
Ou pas.
Car est ce une étude sensorielle sur la qualité des vins, ou bien une étude sociologique sur la perception de la qualité par les "experts" en fonction de critères tels que le positionnement des vins ?
On peut se poser la question !
On se la pose d'autant plus que l'on manque sérieusement d'éléments permettant d'être sûr que les échantillons bio / pas bio ne sont différenciables que par le point bio / pas bio (et non pas par des "parasites" tels que millésime, cépage, volume de production, type d'élevage, etc ...) et ont systématiquement été dégustés et notés à l'aveugle.
"L'avenir du vin biologique semble donc radieux si des scientifiques tendent à montrer que la qualité moyenne de ce type de vin est meilleure"Ouais, enfin la preuve par les scientifiques ...
Là on est, me semble t'il, plus dans la science molle que dans la science dure. Je crois en effet que l'on se lance très clairement dans une étude sociologique, et non pas sur la recherche de marqueurs objectifs de la qualité des vins. Bios ou pas.
En outre, à la toute fin, c'était peut être pas la peine de coller un entrefilet vantant la biodynamie ?
Tout ça est assez affligeant en fait.
Un genre de mauvaise blague.
Un peu comme les histoires belges à la con qui, à une époque, faisaient florès dans les cours de récréation.
Sauf que là l'histoire belge elle est dans Le Soir et, sous un titre un rien provoc, elle est loin d'être conne.
En particulier dans sa chute :
"Les labels sont une aide lorsque vous ne connaissez pas ce dernier, mais pas la raison pour laquelle vous achetez le vin. Si vous n’achetez qu’en fonction des labels, vous serez sujets à de nombreuses déceptions.
Car, finalement, n’est-ce pas pour son goût qu’on achète du vin ?"