Certains poissons tropicaux peuvent modifier leur comportement pour avoir une descendance plus nombreuse, selon une étude française parue aujourd’hui dans la revue Science advances.
Juan est un cichlidé zébré (Amatilania siquia), un petit poisson qui peuple les rivières d’Amérique centrale. Il aimerait trouver son âme sœur sans pour autant dépenser une énergie folle à la chercher à l’autre bout du monde. Juan a donc revu ses ambitions à la baisse et s’est rabattu sur Cristina, la petite rouquine du patelin d’à côté.
Bien différents au départ, Juan et Cristina ont fini par ne plus faire qu’un. Des chercheurs de l’Université Bourgogne-Franche-Comté ont observé un phénomène comparable en laboratoire. L’étude, publiée aujourd’hui dans Science Advances, met en évidence ce fait surprenant : avec le temps, les poissons au sein d’un couple de cette espèce monogame finissent par adopter un comportement très similaire.
Tels des cupidons de laboratoire, les chercheurs dijonnais ont formé 28 couples de poissons en fonction de leurs agissements.
Pour veiller sur leur nid, les poissons disposent d’une quantité d’énergie limitée à répartir dans deux activités : la défense du territoire face aux prédateurs, et l’attention portée à leur progéniture. Les individus qui privilégieront la première sont qualifiés de « proactifs » et sont plus agressifs. Ceux qui se focalisent sur la seconde fonction sont dits « réactifs ».
Petit aperçu de leur comportement en milieu naturel :
Les chercheurs ont constitué des couples « bien assortis » (proactif-proactif ou réactif-réactif) ainsi que des couples « mal assortis » (proactif-réactif). Et ils ont attendu que la magie opère…
Premier constat, les couples bien assortis… fonctionnent bien ! Leur descendance est plus nombreuse que celle des couples mal assortis et les conjoints se chamaillent moins.
Second constat, et c’est là que ça devient intéressant : certains des couples mal assortis… finissent par s’accorder. Mais pas n’importe comment ! En général, ce sont les « réactifs » (les moins agressifs) qui modifient leur comportement pour ressembler aux « proactifs », et non l’inverse.
Et même qu’ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants : en fin de compte, ces couples rois des concessions avaient autant de rejetons que les duos bien assortis ! D’où l’intérêt, d’après les chercheurs, de s’accorder au sein du couple : pour augmenter son succès reproducteur.
Moralité : qui s’assemble… se ressemble à la longue !
Source :
- C. Laubu, F-X. Dechaume-Moncharmont, S. Motreuil, C. Schweitzer. Mismatched partners that achieve post-pairing behavioral similarity improve their reproductive success. Sci. Adv. 2, e1501013
(2016)
Merci à F. Gauthier et I. Pigot pour la relecture de cet article et pour leurs conseils avisés.