L'héroïne de la nouvelle collection printemps de Yanina Couture est une jeune fille rêveuse romantique, inspirée par sa passion pour le ballet. Le ballet imprègne chaque détail de la collection : des robes en apesanteur composées d'empilements de tulle à tutus, des chapeaux, semblables à ceux portés par Anna Pavlova et Ida Rubinstein en 1910, broderies, taffetas, voiles, tulle, velours.
Dans le contexte culturel contemporain, la douce et gentille image de la jeune fille russe est de nouveau réelle. Il ne s'agit pas de beauté pure, mais de retenue, d'intelligence, de grâce aristocratique et de rêverie.
La collection a une base culturelle solide: littérature, peinture et ballet. De la peinture, nous avons soutiré une gamme diffuse, fumée, avec une transition soyeuse. Du ballet, des robes tout en légèreté avec des mouvements de strates semi-transparentes. De la littérature, une intelligente rêverie et une clarté des images.
Les robes sont comme des fleurs tombées de leurs tiges...C'est ainsi que l'illustrateur de mode Georges Barbier dépeignait la grande ballerine Anna Pavlovna dans les années 20.
L'amour pour la Russie et l'amour pour la France sont réunis: notre héroïne est élevée avec les classiques russes et les romans français simultanément. Elle adore la peinture impressionniste et les " Saisons russes " de Diaghilev. La collection est devenue une sorte de dédicace à ces liens historiques et esthétiques entre la Russie et la France avec une déclinaison de couleurs variant du gris perle au rose poudré.
" Il est possible que l'image qui m'a le plus inspirée alors que je créais la collection a été La Princesse Cygne " de Mikhail Vrubel. Elle a tout spécialement affecté l'image finale du "Mariage ": élégant tissu gris perle et voile argenté, teintes nuageuses réminiscences d'ailes brodées - tout ceci inspiré par la mystérieuse et fascinante image de la Princesse Cygne. "
L'image de l'oiseau a toujours été un point de repère pour Yanina Couture, et puisque cette collection est largement dédiée au ballet, l'oiseau est bien évidemment un Cygne. C'est la fragile princesse, " le cygne expirant ", Anna Pavlova ou Maya Plisetskaya, silhouette pastel croquée par Serov pour le ballet " Les Sylphides ".
La première image de cette collection va devenir celle d'un cygne: une amie de la marque, la belle Déborah Hung, va apparaître dans une robe de plumes blanches avec un rubis écarlate à la place du cœur.
L'histoire racontée à travers cette collection est finalement très personnelle. Elle est, d'une certaine manière, autobiographique: l'amour pour le ballet, la fascination pour l'art russe et les Impressionnistes français, et la rêverie romantique...Par ailleurs, ce sont des choses très reconnaissables, compréhensibles et aimées par nombre de personnes.
La collection renferme de nombreuses références au passé: le classique 19ème siècle, siècle de la culture aristocratique, et les années 1910 et 1920, quand des flots d'émigrés russes sont arrivés en Europe. En même temps, Yanina a débarrassé les robes de l'excès de poids de l'Histoire et adapté l'esthétisme qui nous plaisait aux exigences du monde moderne.