" Une vie... à caresser les pieds de Dieu "
Christian BONNAMY, né en décembre, il y a 78 ans à Carcassonne, a partagé son enfance entre Toulouse et la Redorte. En effet, pendant la guerre, le petit Christian était plus en sécurité chez ses grands-parents à la Redorte. Il a toujours eu besoin, envie de peindre ; ça l'a accompagné toute sa vie, ça, l'amour de la peinture. Ca a toujours été comme une seconde peau, une évidence. Autodidacte - mais pas par choix, vous connaissez sans doute l'adage qui veut que peindre (ou être artiste) n'est pas un métier ? C'était encore plus vrai à l'époque. Alors, le jeune Christian, qui aurait voulu rentrer aux Beaux Arts, a peint comme il a pu, avec ce qu'il trouvait, sur des murs, sur des troncs d'arbres, etc.
Il a toujours ressenti en lui, aussi loin qu'il se souvienne, cette nécessité de peindre ; des paysages, des portraits, au début, il était dans le figuratif. Cela répondait à un sentiment qu'il éprouvait au fond de lui, mais peu à peu, il a évolué, bien sûr, comme tout artiste, et son évolution s'est tournée vers la fin des années 70, à l'abstraction.
Il avait en effet le sentiment d'être coincé, dans tout ce figuratif, ça ne répondait plus à ce dont il avait envie ; peindre était pour lui un profond voyage intérieur, après avoir exploré l'œil interne, il avait envie d'explorer l'œil du cœur.
Après nous avoir proposé une exposition de grande ambition aux Mille Poètes à Narbonne (1, rue de l'ancienne porte neuve) jusqu'à la fin du mois de février 2016, c'est plus spécifiquement sa période abstraite qu'il a choisi de mettre en avant lors de sa nouvelle expo, comme une continuité, toujours dans le soin de présenter une rétrospective de ses œuvres, au El Lindo Café, le café des Artistes, situé rue du 1 er mai, juste derrière.
Ce seront donc bel et bien les peintures abstraites de l'artiste, qui cette fois-ci, seront mises en avant, soit une période de plus de trente ans, curieusement démarrée avec la fondation de sa famille, dans les années 80.
Christian BONNAMY, ce sont des vibrations, des rapports à l'affect qui sont puissants, nous sommes dans l'ordre du souffle, du viscéral, il n'y a pas de concession ; la peinture, à l'état brut, s'impose.
Il a toujours voué sa vie à la peinture, dans une certaine forme d'égoïsme, peut-être, mais avant tout dans une urgence de peindre, une folie de vivre, une envie qui relève de l'essentiel, pour lui.
Il a enchaîné de nombreux boulots dans sa vie, mais tout passait dans la peinture, il peignait partout, dès qu'il le pouvait. Il régnait toujours chez lui une puissante atmosphère d'huiles et d'odeurs entêtantes. L'envie de peindre était plus forte que tout le reste. Il a toujours eu le sentiment d'avoir réussi sa vie, parce que coûte que coûte, il a pu faire ce qu'il voulait avant tout ; et cet " avant tout " passait bien évidemment par son art.
Lors d'un voyage en Hongrie, il a obtenu une ouverture géographique, une dimension intéressante. Il était parti au départ apporter des médicaments et des vêtements, dans le cadre d'une association à but humanitaire, et de fil en aiguille, ce sont plusieurs aller-retours qui se sont enchaînés, avec à la clé, de belles, magnifiques rencontres artistiques ; il a connu là, des camps d'artistes, où il y avait des peintres venus de toute l'Europe, il était alors le seul Français, il a pu ainsi longuement échanger sur sa passion, sur l'abstraction qu'il sentait déjà poindre en lui et a, par ailleurs, bien vendu sur place.
Il a raflé de nombreux prix, et notamment, quelques prix en Languedoc-Roussillon, mais plutôt sur le tard, en définitive ; aujourd'hui il est un artiste reconnu, accompli, respecté. Il a ce besoin d'exposer depuis quelques années, le Café de la Poste à Narbonne, entre autres, avait eu l'honneur de l'accueillir déjà, par le passé.
Il y a une dizaine d'années, Christian BONNAMY a été victime d'un AVC, puis de deux autres. Malade, fatigué, il n'avait pourtant de cesse de se remettre à la peinture. " Il me tarde de peindre de nouveau ", clamait-il alors à tout va, et c'est en effet, la peinture, une fois de plus, qui l'a sauvé, qui a provoqué en lui une renaissance.
Et très curieusement, son art a encore évolué, progressé ; les couleurs, plus encore, ont explosé, de nombreux ronds se sont mis à danser sur les toiles, un peu à la MUNCH, qui après son AVC, s'était mis également à peindre des ronds.
La spiritualité se fait depuis quelques années plus forte encore, plus insidieuse, elle vous prend aux tripes, vous fait poser les questions métaphysiques, existentielles, essentielles de la vie, le besoin est à présent synonyme d'une urgence encore plus évidente, en ce sens que nous sommes dorénavant dans une quête d'absolu, une soif d'idéal.
Et c'est lors d'un vernissage, il y a quelques années de cela, qu'a été rapportée cette belle anecdote, mystique, devenue probablement très symbolique de l'art de Christian BONNAMY aujourd'hui. Un des amis du peintre a raconté que pour ce dernier, peindre était synonyme de l'acte d'amour en lui-même, absolu ; on pouvait bien mourir désormais, après avoir touché les étoiles, en ce sens, l'acte de création était un acte visuel, passionnel, traversé de douleurs - mais aussi d'extase.
Peindre en somme... serait donc tout simplement nourrir un dialogue avec Dieu.
Peindre en définitive, ne serait pas autre chose que de chercher la plénitude.
Car Oui, la Vie, pour Christian BONNAMY, n'est finalement pas autre chose que de " caresser les pieds de Dieu " ...
Exposition du 1er mars au 11 avril 2016.
Vernissage le vendredi 4 mars, à partir de 19H.
El Lindo Café, 3 rue du 1er mai, Narbonne.
Contact : Sandrine au 06 81 87 02 91