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La chaise numero 14 fabienne juhel

Par Catherine école-Boivin
LA CHAISE NUMERO 14 FABIENNE JUHEL

Voici l’histoire du chagrin, du grand chagrin, pas celui que l’on peut ressentir au moment d’une déception fugace, mais celui du corps que l’on martyrise, que l’on va chercher du sous-terre et qui laisse trace.

L’héroïne ressemble à toutes les femmes amoureuses puis tondues à la libération, celles qui ont été au corps à corps avec des soldats de l’armée d’occupation allemande, non pas pour s’entretuer, mais pour l’amour, pour ressentir quelque chose de vivant dans la mort qu’est une guerre.

La chaise à son importance parce qu’elle a traversé les frontières en temps de paix, elle est du bois d’une forêt ennemie, fabriquée par des mains ennemies et c’est là qu’elle sera assise pendant sa tonte.

Devant elle des spectateurs hilares ou simplement curieux de voir combien une femme sans cheveux perd quelque chose, non pas de sa beauté mais d’elle-même.

Le livre nous amène par chapitres vers les cheveux au sol, ils tournoient, on ne sait pas bien pourquoi on ressent un malaise, il en manque en fait, certains se sont échappés de la chevelure morte et veulent rejoindre les autres. Nous les prenons au fur et à mesure en pleine face, ils nous cinglent sans bruit comme les branches dans un buisson interdit vers lequel nous avançons malgré le danger.

Le chagrin, la chaise, la jeune femme et l’amour voici les personnages principaux de ce livre, les cheveux comme des feuilles malmenées par les vents tourbillonnent, sidérées par l’ouragan et se cognent contre des troncs, jusqu’à s’abriter contre le plus fragile, le plus frêle celui que l’on pourrait ici nommer la dignité.


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