Pasquale Forte fait partie de ces industriels connaissant un réel succès dans ses affaires et dont la passion cachée pendant de longues décennies, forgée par des parents lui ayant toujours appris l'amour de la terre, ont déclenché la réalisation d'un projet fou : la constitution d'un vaste domaine agricole où la vigne tient naturellement la place principale, en terre toscane.
Non seulement il s'agit d'une propriété viti-vinicole où on trouve aussi une belle oliveraie, des ruches, des porcs aux sourires goscinniens mais en sus Pasquale Forte a pris en charge financière la résurrection d'un Borgo voisin (jouxtant Castiglione d'Orcia) qui vaut à lui seul une visite. Oui, oui : bon restaurant simple et gouteux, quelques chambres, des vieux sur des margelles pour parler du beau temps : tout est là pour un moment de sérénité sans l'étouffement classique des publicités tapageuses qui massacrent tant de lieux de même nature !
Tout cela a déjà été évoqué sur ce blog ICI
LE VIN : ASYA Elaboré strictement en méthode champenoise, ce rosé servi en magnum uniquement est clairement autre chose qu'un vin à bulles. C'est avant tout du vin et en cela, - mais ce n'est qu'un point de vue personnel - il se rapproche, en style, des vins de Bollinger. Ici, le but n'est point de produire bon an-mal an un vin standard qui aurait pour principe de rassurer une clientèle sur un style défini, quelques soient les conditions du millésime. Ici, on produit cette ASYA sans forcer sur tel ou tel aspect : on intègre les conditions de l'année. On sait que l'Italie produit majoritairement, en "bulles" deux vins : le facile Prosecco qui fait un malheur mondialement et surtout en Allemagne eu égard à des prix d'une douceur extrême, et les très beaux, compétitifs, Franciacorta où quelques grands domaines comme Cà del Bosco ou Bellavista ou Berlucchi, sans oublier un peu plus loin vers le nord, les tout beaux Ferrari dont la sublime cuvée Giulio Riserva que les membres du GJE ont pu apprécier, dans son tout premier millésime, à la propriété. On ne dira jamais assez la générosité naturelle de tant d'italiens !
Copier ce qui se fait bien ailleurs dans le pays, ce n'était surtout pas le but poursuivi. Un vin de terroir, bien conseillé par le couple Bourguignon qui a fait un travail unique sur ce vaste domaine, voilà le but poursuivi. En dégustation et lors du repas, la chose qui m'a surpris et plu, c'est la non dominante de la bulle. Disons que ce sera une surprise pour ceux qui ont besoin d'une grandiose effervescence en bouche alors que pour ceux, comme bibi, qui cherchent avant tout le fruit et l'équilibre charnu d'un vin seront plus qu'enthousiasmés. C'est un peu la même chose en Champagne : il y a des maisons qui privilégient clairement la bulle, la fraîcheur limite acide; celles qui n'hésitent pas à être généreuses en sucre résiduel, et celles qui veulent offrir à leurs amateurs ce que j'appelle du vin. Bon, c'est connu : je ne suis pas un enthousiaste réputé des champagnes, à l'exception des vieux millésimes du type des RD de Bollinger en magnum, millésimés 1964 avec des arômes fascinants de noisette fraîche ! Un sommet ! Lors du repas servi par Annie Feolda chez Pinchiorri, la belle surprise est le fait que cet ASYA , eu égard à son côté nettement vineux, participe sans problème à des mariages mets-vins de tout haut niveau. Je ne connais pas le prix auquel sera proposé ce vin. Mais une chose est sûre : mis à l'aveugle avec quelques beautés champenoises ou de la Franciacorta, il saura défendre son pedigree "alla grande" ! Vediamo ! S'IL M'EST PERMIS Il y a parfois quelques tableaux, quelques oeuvres qui accrochent non seulement mon regard de béotien en peinture mais aussi qui offrent une certaine fascination. Chez Pinchiorri, ça fourmille de toiles étonnantes. En voici une :