Abattus. C’est sûrement ainsi que se sont sentis bien des internautes après avoir visionné les images chocs tournées dans un abattoir «certifié bio» dans le Gard, dont l’atrocité concurrence haut la main des boucheries bien plus industrialisées. De quoi faire tomber le dernier couperet qui garantissait un semblant de bonne conscience aux carnivores que nous sommes (pour la plupart). Car il faut l’admettre : l’image d’une bête ayant eu une belle vie avant de finir dans l’assiette contentait tout le monde, surtout ceux qui n’osent pas renoncer à leur steak quotidien. Labellisé «AB», de surcroit : un vrai bonheur dans le pré ! Ce consensus arrangeant n’a pourtant aucun sens, sachant que la mort des animaux d’élevage n’est jamais douce, bio ou pas. Comment peuvent-ils être considérés comme «des êtres sensibles» – à l’instar de nos chouchous domestiques – alors qu’ils ne sont, dès le premier jour de leur naissance, qu’un simple morceau de viande sur pattes prêt à être emballé ? Ce billet de Florence Burgat publié sur Le Monde le souligne d’ailleurs très bien, je ne peux que vous inviter à le lire.
Et pourtant, si j’ai bien conscience qu’on ne peut pas s’attendre à rencontrer autre chose que la mort dans un abattoir, y a comme un os. Un trognon qui reste coincé dans la gorge et qui ne passe pas, m’empêchant de manger les yeux fermés après avoir vu tant de fois la cruauté derrière les murs. Bio, végé, flexitarien ou carnivore, qu’importe: se nourrir n’a jamais signifié tout massacrer comme une sauterelle, bien au contraire. Je crois même qu’il y a là une certaine notion de respect qui semble être depuis longtemps oubliée. Non seulement pour ce (celui ?) que l’on consomme, mais aussi pour soi-même. Peut-on considérer une seule seconde qu’ingurgiter la chair d’un d’animal mal nourri, mal soigné, maltraité, et tué dans des conditions atroces nous serait bénéfique tant pour le corps que l’esprit, sans parler du «bien-être» auquel tout être vivant a le droit ? Aucun jugement ici, car ce n’est pas mon rôle. Je pose simplement la question. La faim – ou plutôt le plaisir gustatif – justifient-ils vraiment tous les moyens ?