Elle s'appuie pour ce faire sur un rapport de l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR), agissant en tant que rapporteur pour la Commission européenne et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), et qui a approuvé la demande de l'industrie de classer le glyphosate comme "non-cancérigène ".
Il est par ailleurs évident que le rapport de l'ANSES (Agence Française de sécurité sanitaire) remis à Ségolène Royal ce vendredi 12 février 2016 conforte la Commission Européenne dans son soutien au glyphosate. Le rapport conclue en effet que " le niveau de preuve de cancérogénicité du glyphosate chez l'animal peut être considéré comme relativement limité " et que " il est peu probable que le glyphosate ait un effet potentiel sur la perturbation endocrinienne des voies dépendantes de la régulation oestrogénique ".
Selon l'ANSES, c'est le mélange du glyphosate avec certains co-formulants, notamment des co-formulants de la famille des Tallow amines, qui peut présenter des risques particuliers pour les utilisateurs du grand public ou du monde agricole. Les Tallow amines sont des agents tensio-actifs qui augmentent l'activité des herbicides en améliorant la mouillabilité de la surface hydrophobe des plantes et la pénétration de l'herbicide dans la plante. Cela voudrait dire que le glyphosate seul serait sans danger ?
Devant ces avis contradictoires notre Ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, a demandé à l'Anses de réexaminer immédiatement l'ensemble des préparations de glyphosate contenant ces co-formulants et de retirer d'ici la fin du mois de mars les autorisations de mise sur le marché des préparations phytopharmaceutiques contenant ces co-formulants présentant des risques préoccupants.
Porter le problème au niveau pénal
Mais six ONG environnementales (Global 2000, PAN Europe, PAN UK, Générations Futures, Nature et Progrès Belgique et wemove.fr) de cinq pays européens veulent aller beaucoup plus loin et porter le problème au niveau pénal. Elles viennent ainsi de déposer ce mardi 2 mars 2016 une plainte officielle contre les responsables de l'évaluation du glyphosate en Europe, pour " déni des effets cancérigènes du glyphosate ". Et elles demandent l'interdiction de la ré- autorisation de la commercialisation de cette molécule sur le marché européen.
Une pétition pour dire non au glyphosate
L'association " Générations Futures " a décidé de s'associer à cette plainte et dénonce les nombreuses failles et les carences des homologations de pesticides au niveau européen. Et elle appelle les citoyens à signer la pétition qu'elle a lancée avec les ONG Foodwatch et Générations Futures et La Ligue contre le cancer.
Il est clair que la plainte qui vient d'être déposée, et qui vise directement et nominativement les membres des commissions d'évaluation, va les faire réfléchir à deux fois et les obliger à motiver leurs conclusions sans s'abriter derrière les rapports qui leurs sont directement transmis par Monsanto. Et si la pétition recueille des centaines de milliers de signatures nous pouvons, peut-être, espérer, que les jours du glyphosate sont comptés...
Stella Giani
Cliquez ici pour signer la pétition pour l'interdiction du glyphosate en Europe