Aujourd’hui, un aide-soignant ne peut effectuer d’injections, car "l’effraction de la barrière cutanée" relève du Code Pénal. Seul un médecin, et par délégation une infirmière, peut effectuer une injection. Du fait du manque d’infirmières en EHPAD, le ministère s’interroge sur l’opportunité de faire réaliser des dextros (glycémie capillaire) par les aides-soignants, sans présence d’infirmière dans le service ou l’établissement. Se posera alors le problème de l’éventuelle injection d’insuline.
Le SNPI CFE CGC, syndicat des infirmiers salariés, a souhaité lancer une consultation auprès des professionnels, au travers de son site internet. Du 9 au 28 février 2016, 31.658 infirmières, cadres infirmiers ou infirmières spécialisées se sont exprimés.
Des milliers d’infirmières répondaient chaque jour, signe d’un intérêt certain sur la question. C’est la première fois qu’autant de professionnels infirmiers répondent à un sondage de ce type. On constate une variation :
· Selon le secteur d’exercice : entre les infirmières qui exercent en cliniques (2285 réponses, 49% non), et celles qui vont à domicile (5481 réponses en libéral ou SSIAD, 80% non), 11.526 en hôpital public (56% non), 2951 en privé non lucratif (60% non), 2717 en EHPAD (54% non), 2583 en médico-social (58% non), 1896 en institut de formation (60% non)
· Selon la fonction : l’opposition est plus forte chez les IDE (24.273 réponses, 66% non) que chez les cadres infirmiers (5652 réponses, 53% non) et les formateurs (1377 réponses, 60% non). Par ailleurs, 82% des 341 aides-soignants ayant répondu souhaitent pouvoir faire des dextros.
· Selon l’ancienneté de diplôme : les infirmières qui ont moins d’un an de diplôme (70% non) et celles qui ont plus de cinq ans (65% non) se distinguent de celles un ou deux ans de DE (46% non) ou deux à cinq ans (49% non).
» Qu’on ne parle pas de corporatisme, 83 % des répondants sont salariés, donc que les AS effectuent de tels actes n’a aucune incidence sur leur salaire, observe Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI. Les infirmières refusent une déqualification des soins liée à des motifs économiques. Les bureaucrates raisonnent en actes, mais derrière il faut une réflexion clinique et un traitement adapté. Qui sera responsable en cas d’erreur d’interprétation ou de soins réalisés à tort ? «La tentation économique de la déqualification des soins : Formé en 10 mois, et titulaire d’un Diplôme d’Etat, l’aide-soignant dispense, dans le cadre du rôle propre de l’infirmier, en collaboration avec lui et sous sa responsabilité, des soins de prévention, de maintien, de relation et d’éducation à la santé. L’objectif du ministère n’est pas d’augmenter le temps de formation des aides-soignants, en ajoutant de nouvelles compétences. Ils répondent juste au lobby des EHPAD pour augmenter la charge de travail déjà importante des aides-soignants, et réduire les coûts de fonctionnement, en mutualisant davantage les postes infirmiers et en réduisant l’intervention des infirmières libérales. Cette tentative sur le dextro n’est qu’un premier pas vers d’autres glissements de tâches.
Aucun argument ne peut justifier de reléguer la sécurité des patients au second plan, en faveur d’impératifs comptables. Dans certains établissements sociaux et médico-sociaux, la présence d’infirmière n’est pas systématiquement assurée. Permettre que certains professionnels puissent effectuer des actes infirmiers en l’absence d’un infirmier ou d’un médecin présente un risque déraisonnable. Au-delà du geste technique lui-même, il faut avoir les compétences pour détecter les symptômes d’alerte chez les personnes particulièrement fragiles, en EHPAD ou en SSIAD.
Source: SNPI 2 mars 2016 Communiqué et Résultats du sondage