La Nuit des Césars : on prend les mêmes... et on recommence !
Vendredi soir, c’était la 41e édition de la Nuit des Césars... Dans la presse, on avait pu lire que, oui, cette fois ci, nous allions faire différemment, nous n’allions pas nous appesantir sur le César du Meilleur Pousseur de Chariot de Travelling sur un film de long métrage, nous allions proposer du spectacle ! Enfin, quoi, nous ne sommes pas à la remise des Prix d’Excellence au Lycée Professionnel de Charleville-Mézières ! Oh, je n’ai rien contre cette estimable préfecture du Nord Est de la France, pourvue d’une Place Ducale tout à fait avenante... Mais... Bon.
En foi de quoi, tout allait changer.... et tout a continué comme avant. Il a fallu attendre trois longues heures avant de connaître le nom de l’estimable récipiendaire. Que ce soit, cette année, Philippe Faucon, réalisateur qui méritait un César tout autant que bien d’autres réalisatrices ou réalisateurs, ne change rien à la situation.
L’animateur, tout d’abord... qui, cette année, était une animatrice. Ah, Florence Foresti, certes, a mouillé le maillot. Mais sa prestation en combinaison de plongée sous-marine avec un gros dauphin gonflable était... oubliable tout autant que son improbable sketch avec Vanessa Paradis, ou son numéro très téléphoné (je me surpasse...) de tentative d’appel du portable de Vincent Cassel.
Quels sont les enjeux des Césars, en fait ? D’abord produire un spectacle télévisé diffusé à une heure de grande écoute (on n’a pas su, d’ailleurs le nombre de téléspectateurs devant leur poste, en cette année 2016, le chiffre était « secret défense », je suppose). Deuxièmement, essayer d’éviter le ronron habituel, en embauchant un présentateur un peu décoiffant (il y a quelques années, nous avions été servis avec Michael Youn...), ou en parsemant la soirée d’interventions de quelques intermittents du spectacle en colère devant un Ministre qui connaît le dessous des cartes, mais qui ne peut, en ces lieux, exprimer son point de vue. Remarquons que, pour la troisième fois depuis le début du quinquennat de François Hollande, le Ministre est une Ministre, et la titulaire du poste, Audrey Azoulay, en connaît un rayon au niveau « images animées », car elle a dirigé le CNC, avant d’arriver rue de Valois. Mais il s’agit aussi, ce soir-là, quand même, un peu, de célébrer le cinéma...
Cette année, le palmarès fut très consensuel, tout le monde a eu sa statuette : le cinéma d’auteur labellisé (Arnaud Desplechin), le cinéma célébrant la diversité sociale et culturelle (« Fatima », « Mustang »), et les acteurs de talent qui n’ont plus rien à prouver (Catherine Frot, Vincent Lindon). Evidemment, tout cela manque cruellement de films de grande audience en 2009 Dany Boon l’avait d’ailleurs souligné, sur la même scène du Théatre du Chatelet, lui qui n’avais absolument rien obtenu pour « Bienvenue chez les ch’tis ». Mais voilà : le deuxième assistant son du film césarisé pour ses effets sonores est tellement content de remercier publiquement papa et maman d’avoir pu, grâce à leur confiance, d’embrasser ce si beau métier, dans lequel tout le monde s’aime tellement... Et remercier le balayeur du plateau de cinéma, il y a pensé ? Quelle ingratitude...
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