Assis à la vitrine d'un café restaurant de la rue des Récollets, j'ai échappé aux choucroutes de la Gare de l'Est, résisté à la tentation du jarret braisé, pour un déjeuner plus parisien, à cinq minutes de là, au bord des rives du canal Saint Martin. Il y a 8 ans, en stage, je sortais souvent dans ce coin. L'eau a eu beau couler sous les ponts, le quartier compte toujours son quota d'endroits sympas. Je sors une feuille, range le GSM. Aujourd'hui, je déjeune avec ma chronique.
Quand on doit manger seul au restaurant, j'en ai déjà parlé, on a le temps de compter les bulles dans son verre de Badoit, de faire tomber les miettes du pain, de plier et déplier quatre fois sa serviette. Les conversations des tables voisines prennent également un vague intérêt. Je suis bien tombé : à ma gauche, 4 informaticiens, dont un à lunettes, un à catogan et un à bouc. A ma droite, deux copines parlent bébé, une poussette à côté d'elles. Dépaysement très relatif.
... Package système ... faudrait qu'on re-déménage ... XML ... j'ai besoin qu'on se retrouve ... beaucoup de communication pour peu d'information ... au niveau des versionnings ... le plus efficace possible ... ajouter des scripts ... team leader ... module ... crèche ... une formule salade de boudin tiède ... chauffer de l'eau ... problème d'écrasement dans deux bibliothèques différentes ... longtemps avec lui ... merci ... son anniversaire ... ça va être très très chaud ...
Un homme hésite devant l'ardoise, il entre. Je finis mon café et demande l'addition.