Johnny Mafia | Michel ​-​ Michel Michel (LP)

Publié le 02 mars 2016 par Le Limonadier @LeLimonadier
ELLIOTT POWER - Interview
Johnny Mafia | Michel ​-​ Michel Michel

Qu’on se le dise, on s’est pris le dernier album des garageux Sénonais Johnny Mafia en plein sac. Et avant de vous en parler, nous trouvons aujourd’hui journalistiquement pertinent de vous re-contextualiser cette belle claque vivifiante – qui fait encore résonner nos pavillons auriculaires – parce que ça se fait dans le journalisme autocentré et pertinent, il paraît.

L’après-midi du mardi 23 février 2016, le rédacteur qui rédige ces lignes sur wordpress était donc tranquillement en train d’écouter le dernier album d’un groupe indie sophistiqué à la production ronde, propre et aux mélodies sympa. Pendant que le chanteur attaquait un énième refrain scandé avec une voix un peu aiguë mais pas trop, son état psychologique commençait à entrer dans un régime que l’on pourrait qualifier de “demi mou”. Il décide alors de passer à autre chose, et le voici en train de se faire une petite pause café devant une interview moyennement « intéressante » de rappeur connu, certainement en quête inconsciente d’une punchline déplacée qui lui réveillerait un peu le zgeg (ceci est une métaphore). À deux doigts de finir par se rincer -ou de se salir- les écoutilles avec un morceau d’AlKpote, Raph, un membre de l’équipe du Limonadier afficionados de Hip Hop à casquette, lui partage avec un enthousiasme presque lyrique le lien de l’album dont nous allons parler. Comble du hasard et du destin, ce n’était pas du Hip Hop.

Le mec venait en effet de se manger les Jonnhy Mafia en pleine faciale (ce registre est inépuisable), lors de la release party parisienne de leur album organisée par Freaky Loud Things à la Mécanique Ondulatoire, le 20 février.

Pour des soucis d’authenticité informationnelle, voici un extrait textuel de son trépignant témoignage :

« Je vais te dire un truc mon petit pote, en bon alcoolique féru de groupes qui bougent (parce que y a pas que les caps New Era et les MPC dans la vie, y a les ch’veux gras et les guitares aussi) ; j’ai beau avoir vu un petit paquet de concerts de rock dans ma courte vie -et même plus violents, parce que je me sens définitivement comme une bamba triste-, je dois avouer que j’avais pas pogoté comme ça devant une scène depuis belle lurette (papi, si tu me regardes, celle-là elle est pour toi) ! Les mecs de Johnny Mafia jouent fort, jouent vite, et ont la fougue de la jeunesse et du garage punk comme on l’attendait plus. Oui, j’ai un peu pompé cette fin de phrase sur leur communiqué, so what ? N’empêche que ça illustre parfaitement leur ‘sique.

Sans déconner, déjà que les 2 premières parties envoyaient pas mal -The Greyguts et The Whacks-, mais Johnny Mafia a ensuite balancé du sale dès le début. Et c’est pas les mimiques du bassiste/chanteur qui vont t’aider à digérer le bordel ! J’ai découvert leur album pendant ce live, avant de l’écouter sur leur bandcamp. Ils se réapproprient tous les codes du genre, ce qui donne un truc ultra-efficace et communicatif. Inutile de faire de la masturbation musicale quand on est capable de faire gigoter une foule de fous furieux dans une petite salle surchauffée ! Les paroles frisent le nawak, les riffs sont rageux, on sent que le groupe s’amuse ; what else ? Mention spéciale aux titres « Bad Michel », « Scarycrow VI », et « Black Shoes » ! »

A moitié déjà convaincu par toute cette éloquence, il se dit que bon, des jeunes gens qui font du rock garage, c’est toujours cool ; oook, la scène française se porte bien ; donc boooon, ça risque d’être frais, mais c’est pas vraiment son domaine de prédilection, et puis c’est le matin quoi, la bière qui colle sur le sol et la transpiration sont encore des concepts lointains pour son petit cerveau de presque trentenaire chiant et mal réveillé.

Il lance alors le disque, dont le titre débile Michel – michel michel lui décroche quand même un sourire, et tombe sur le premier morceau, “Sleepings” :

Qui commence tout doux avec une guitare pépère, le chanteur répètant comme une litanie “Hello boring I feel just down”, et ça lui parle, ouais, c’est bien ça, il se sent un peu mouligasse en ce moment #introspection #autobiographie #hashtagfdp. Et puis le rythme s’accélère, les guitares s’empilent, les guitares s’embrasent, la mélodie s’accroche, ça chante-gueule toujours la même chose, ça y est, il se wake up à la Néo dans Matrix (toutes nos excuses), et commence à bouger la nuque comme un gros teub en faisant rebondir sa moumoute fixée par de la cire bon marché. La prise de conscience est aussi directe qu’intense : MERDE, pourquoi il n’écoute pas assez de rock comme ça ? Et se dit en même temps que c’est plutôt bon signe pour la suite.

Il enchaîne sur le morceau “Bad Michel”, tout en poussant un cri intérieur que l’on pourrait traduire par “Graouuuuuuuu !!!” :

Et voilà, confirmation, méga tube, bordel mélodique presque parfait. Ces gimmicks de voix bien trouvés et ces breaks à tout va lui rappellent directos le sel de la musique de feu Jay Reatard (influence revendiquée par le groupe mais qui sautera aux oreilles de façon évidente à toutes les personnes ayant déjà tapé frénétiquement sur leurs cuisses en écoutant le bonhomme).

Entre charisme et sincérité, inutile de palabrer à l’infini, leur son fait juste putain de plaisir et donne envie d’éclater tous les penny skate en plastique de la terre dans un acte de rébellion autant pulsionnel que fondateur (notons que l’auteur de cet article possède lui même une de ces fausses planches, se surprenant à cruiser dans la rue de façon mal assurée tel un pré-ado en roller avec ses parents sur le parvis du trocadéro #findelapsychanalyse).

Le reste de l’album ne dément pas l’efficacité de ces deux premiers morceaux, de la très bonne came française, lo-fi juste ce qu’il faut, à écouter d’urgence. MAINTENANT ! ENFIN !!

Voilà, si après toute cette mise en scène subjective comprenant beaucoup trop de parenthèses on ne vous a pas convaincu, ben c’est que nous n’aimez pas, tant pis pour vos tronches. Et si vous kiffez, il ne vous reste plus qu’à soutenir le groupe en vous procurant l’album (sorti en autoproduction) PAR ICI.

Prochains concerts :

3 Mars : Le Papier Buvard, Soulvache
Bain-de-Bretagne, France 4 Mars : Stereolux
Nantes, France 5 Mars : Bistro de la Cité
Rennes, France 6 Mars : Café Comptoir Colettes
Tours, France 19 mars : La Fabrique
Sens, France 26 Mars : Le Boeuf sur le Toit
Lons Le Saunier, France

Article écrit à quatre mains et deux pénis par Raph et Jean Calin.

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JeanCalin

Jean Calin est un jeune citadin bien de son temps, rédac chef et chroniqueur de musique calme au Limonadier, il aime jouer à des jeux vidéo violents en écoutant du Rn’B émotionnel.
Mon Cocktail Préféré :
Le litron de mojito trop sucré dans un pichet bien collant.

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