Malgré sa longueur – 2 h. 36, ce qui prive les salles d’une séance quotidienne – le film vient de dépasser le million de spectateurs en France … Il fallait donc l’avoir vu, c’est fait.
On en sort assez assommé, hanté par la beauté époustouflante des paysages, l’extraordinaire maîtrise du réalisateur – lui non plus n’a pas usurpé son Oscar – l’interprétation fantastique de Léonardo DiCaprio, tellement loin de ses rôles de jeune loup de l'arnaque ou de la finance.
Un film entièrement tourné en décors naturels et en lumière du jour, un projet initié dès 2001 mais qui, du fait de sa difficulté, a connu bien des avatars.
Le résultat est un grand « Northern » dans le style des superproductions hollywoodiennes de mon enfance, qui nous transporte dans un temps et un espace totalement hostile. L’aventure du scout – le guide de la troupe de chasseurs de fourrures - Hugh Glass se déroule en 1823, en plein hiver, à une époque où les Indiens se battent pour leur survie, où les trappeurs français se battent contre les trappeurs américains, où les uns et les autres s’étripent allègrement avec des fusils à un coup qu’il faut recharger par la gueule avant d’aller se réfugier dans des forts qui ressemblent à la maison de brindilles du petit cochon.
C’est aussi l’histoire d’un mec qui bénéficie d’un système immunitaire hors norme. Attaqué, très griévement blessé par un grizzli, il est ramené au camp par ses compagnons dont il ralentit la marche, brûlant de fièvre et tout percé par l’énorme bête qu’il a fini par égorger. L’un d’eux, une vraie saloperie, John Fitzgerald, va hâter sa mort et même l’enterrer vivant, après avoir poignardé à mort son fils … Mais Glass renaît de ses cendres et va parvenir, le scénario est éminemment prévisible, à sortir vivant du grand enfer blanc, parcourir 300 km en 6 semaines afin d’exercer sa vengeance. Après tout, il n’a plus rien à y perdre … si ce n’est son âme.
Le film est brutal, réaliste, intense, sauvage, parfois gore … et heureusement interdit aux plus jeunes spectateurs. Certaines scènes oniriques m’ont d’autre part semblé un peu longuettes, mais dans l’ensemble, les acteurs sont excellents (Tom Hardy en Fitzgerald, Will Poulter dans le rôle du jeune Jim Bridger), et les images sublimes.
Bref, un film qui réunira deux publics : les jeunes qui adorent à la fois l'action hyperviolente et la nature inviolée et les "vieux" qui se souviennent des grands western de leur jeunesse, une oeuvre qui fera date et dont on sort frigorifié et tellement heureux de rentrer dans son petit chez-soi bien chauffé ….