Il y a ce moment.
Éreintée par un emménagement qui traîne. Éprouvée par une déprime post-retour en France, n’ayons plus peur des mots...
Je suis las, hélas. Mon rôle de maman me pèse, mon rôle de femme me fatigue. Mon rôle de moi m'agace.
Je me suis levée tôt, pour profiter d'un instant en solo. La maison est calme, une musique douce en fond sonore. L'odeur de thé aux amandes flotte. La tasse me réchauffe les mains.
Et, je pense à Elle.
Elle est juste au dessus, dans notre lit, comme depuis...des mois. Elle dort. Sur le ventre, les fesses en l'air. Ou sur le dos, les poings levés. Elle dort.
Et moi, épuisée, las de tout ça, je suis quand même pressée de l'entendre m'appeler. Pressée d'aller m'enfouir près d'elle, sous la couette, pour le câlin du matin... Pressée de la voir se coller contre moi, de sentir son corps chaud contre le mien.
Et puis, elle me dira "Aller maman, en bas". Et la journée commencera.
Il y a ce moment, où même à bout de souffle, j'ai encore envie de respirer son odeur. Où même fatiguée d'être maman, j'ai encore envie d'être sa maman.
Il y a cette ambiguïté des sentiments, entre l'envie de liberté, et le besoin de l'avoir près de moi. Ce ras le bol certains jours, et cette motivation débordante d'autres jours.
Je suis fatiguée, et pleine d’énergie pour Elle en même temps. Je suis malheureuse par moment, et tellement heureuse par ailleurs. Quand je vois ses yeux me dévorer, quand je l'entends me dire qu'elle m'aime. Quand elle se jette contre moi, si fort, pour un câlin si plein de son amour.
Je suis sa maman. Et pendant un moment comme ce matin, un moment où je savoure le calme, et ma solitude, elle me manque.
Le coeur d'une maman est bien compliqué, parfois.
♥