Petit saut sur Mars et dans le temps, en 1997, avec le paysage qui entoure la mission Pathfinder, dans Ares Vallis, que la Nasa nous propose de revisiter virtuellement.
Que diriez-vous d’aller faire un petit tour sur Mars pour commencer le mois de mars ? Virtuellement, bien sûr via un panorama interactif (au moyen d’une souris) dont les images ont été soigneusement retraitées et assemblées par la Nasa.
Après l’environnement de Curiosity – vu à travers ses yeux -, fin 2015, alors qu’il était devant le front d’une dune de sable noir, au pied du flanc nord-ouest du mont Sharp, il est question cette fois de revisiter le paysage jonché de gros cailloux qui entoure l’atterrisseur Pathfinder et le petit rover Sojourner qui l’accompagnait. Cela nous emmène en 1997, lorsque les États-Unis amorçaient leur retour sur la scène martienne, après une absence d’une vingtaine d’années.
Innovations technologiques
Développée durant quatre ans dans le cadre du programme faster, cheaper, better (en français : « plus rapide, moins cher et meilleur ») cher à Dan Goldin qui administrait alors l’agence spatiale américaine, cette mission qui se voulait avant tout un banc d’essai technologique, prévoyait le déploiement d’une plate-forme fixe équipée d’instruments scientifiques, Pathfinder, et la promenade expérimentale du rover baptisé Sojourner (en l’honneur de Sojourner Truth, une militante antiesclavagiste, sur la proposition d’une jeune collégienne). C’était alors la première fois qu’un robot mobile débarquait sur la Planète rouge.
Parti de la Terre le 4 décembre 1996, le convoi arrivait à vive allure le 4 juillet 1997, jour de fête nationale aux États-Unis. Ce fut alors l’événement le plus suivi sur Internet (avis aux amateurs, on peut toujours visiter le site). Vingt ans après les atterrisseurs Viking, le monde pouvait en effet vivre en direct toutes les étapes de son débarquement et vibrer en même temps que les équipes techniques et scientifiques lors de ces opérations risquées.
La mission innovait notamment par son plongeon dans l’atmosphère martienne en direction d’Ares Vallis, vaste et ancienne vallée de débâcle à l’est des immenses volcans des monts Tharsis qui l’acceuillait. Il y faisait nuit à ce moment-là. Pour la première fois, surtout, un dispositif d’airbags fut employé pour permettre un atterrissage plus douillet (le système fut repris pour l’arrivée en 2004 de la génération suivante, les jumeaux Spirit et Opportunity). Tombant en chute libre à environ 90 km/h (26.000 km/h quelques minutes plus tôt !), une grappe de 24 solides airbags s’était gonflée à une vingtaine de mètres du sol. Puis après 15 rebonds – le premier à 20 m de haut -, Pathfinder s’est stabilisé sur le sol martien. La station sera baptisée Carl Sagan, en mémoire du célèbre chercheur décédé le 20 décembre 1996.
Panorama à 360 ° réalisé par la station Pathfinder lors de ses 8e, 9e et 10e jour martien. On peut suivre à la trace le petit rover Sojourner, alors collé contre le gros rocher baptisé Yogi. À l’horizon, au loin, on aperçoit Twin Peaks, reliefs nommés en référence à la série de David Lynch — Crédit : NASA, JPL
Un succès qui préfigure ceux des autres rovers
La mission est un succès. Quelque 2,6 gigabits de données ont été collectés et plus de 8,5 millions de mesures (température, pression, vents…) ont été effectuées sur une période de 83 jours. La base Pathfinder a acquis 16.500 images et l’astromobile, 550.
Aussi gros qu’un four à micro-onde avec six roues, Sojourner qui expérimentait aussi un système de vision 3D, a parcouru environ 100 mètres en quelque 230 manœuvres tout au long de cette période d’essai qui a duré 12 fois plus longtemps que prévu. Des examens chimiques de plusieurs roches furent également réalisés.
Dépassant toutes les espérances des ingénieurs dans leur longévité, Pathfinder et Sojourner succombèrent finalement l’un après l’autre, en septembre 1997, vraisemblablement victime du grand froid qui règne sur Mars.