Si les choses s’avéraient toutes simples à lire, cela deviendrait lassant parfois sans parler de certains romans dont le rendez-vous est si attendu chaque année que l’affaire en devient redondante et convenue. Cette fois, ce thriller historique, qui aurait pu m’échapper tellement les ouvrages sont nombreux à courir le long des murs de mon bureau, en attente, méritait bien que je m’y plonge.
Car Claudine Candat a commis là une œuvre pour le moins originale et qui a la subtilité comme la force de nous orienter autant que de nous désorienter. En effet, l’auteur nous balade de l’époque napoléonienne, au cœur même des remous de l’histoire franco-allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale, aux années soixante, et puis de nos jours… Et géographiquement, Claudine Candat ne ménage pas plus ses efforts pour nous transporter d’une page à l’autre du Tarn, de Toulouse à la Forêt-Noire mais encore…
Tout débute dans la région toulousaine avec des crimes de jeunes filles commis sur les berges du Tarn. Qui est-elle ? Qui a pu l’assassiner ? Comment s’est-elle trouvée là ? C’est toute l’enquête qui attend Mirouze, un des héros de ce polar ; c’est tout le défi qu’il va devoir relever à travers l’histoire de personnages plus complexes et plus angoissants les uns que les autres. Sans compter avec la puissance de Jung le célèbre psychanalyste qui semble présent au-dessus de chaque page, au-dessus de notre tête quand nous sommes plongés dans l’intrigue.
Bien évidemment être germanophone aide bien et j’en suis fort aise car – outre le glossaire de fin -, Claudine Candat jongle avec virtuosité tant avec la langue de Voltaire que celle de Goethe. Un ravissement. Il est vrai qu’elle est germaniste de formation.
Mais qui est cette Elwig, sylphide diaphane omniprésente dans ce roman ? Quelle est cette auberge noire dont on nous entretient si souvent qu’on en est parfois perdu entre les analepses et les prolepses du texte ? C’est un peu le chemin de Damas que propose l’auteur au lecteur. À chacun de trouver sa voie, de trouver la voie de la rencontre avec Elwig au milieu de ce maelström d’intrigues parfois glaçantes. Alors victime ou bourrelle cette Elwig ? Héroïne totalement romanesque en tout cas. Et qui suscite autant l’intérêt qu’une sorte de fascination. En outre, à chacun de se forger son idée.
En tout cas, même achevé depuis plusieurs jours voire plusieurs semaines, Elwig s’installe dans nos mémoires pour longtemps. Et l’on porte pour un bon moment les stigmates d’un thriller bâti avec force tout en mise en abîme.
Rien n’est attendu. On demeure surpris à chaque chapitre. Et c’est probablement là que réside la singularité même de cette petite perle.
À lire… Mais surtout à relire. Car les possibles narratifs participent également de la magie de la plume de l’écrivain.
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