Vinyl // Saison 1. Episode 3. Whispered Secrets.
J’aime Martin Scorsese mais je crois qu’il s’est fourvoyé ici. Et HBO par la même occasion. Mais HBO a surtout dû signer à l’aveugle, faisant confiance à Martin Scorsese en lui donnant 30 millions de dollars pour le pilote de deux heures et 70 autres millions de dollars pour le reste de la saison. Pourtant, je suis un grand fan de Boardwalk Empire et je trouve cette dernière magnifique. Pour Vinyl, je suis toujours aussi septique alors que la série souffre de tout un tas de problèmes narratifs. La façon dont elle doit gérer les divers personnages connus est catastrophique. Il y a beaucoup trop de personnages connus alors forcément, le téléspectateur en perd un peu son latin. « Whispered Secrets » aurait pu être un épisode excellent mais le côté clipesque de Vinyl impose tout un tas de numéros musicaux, de personnages connus divers et variés pour au final, ne pas ressembler à grand chose. Oui, c’est toujours très soigné visuellement. Les décors, les costumes et la mise en scène, tout cela est somptueux jusqu’au bout. Le casting est lui aussi très réussi, Bobby Cannavale en tête mais ce n’est pas suffisant. Boardwalk Empire avait aussi des personnages historiques connus comme Lucky Luciano, Meyer Lansky et bien évidemment Al Capone. Sauf que Vinyl n’a pas encore réussi à faire quelque chose de ses personnages connus.
On arrive déjà au troisième épisode de la saison, cela fait donc 4h de Vinyl, et il ne s’est pas passé grand chose de véritablement remarquable à l’écran. Le pilote était sympathique, clipesque comme je l’ai déjà dit, comme un docu-fiction sur le monde du rock’n’roll, insufflant une bonne dose de nostalgie. Puis les deux épisodes suivant n’ont pas réussi à rattraper grand chose. Pire, celui-ci semble donner l’impression que Vinyl perd complètement pied. Si les performances nuancées sont intéressantes et qu’encore une fois des John Cameron Mitchell ou même Zebedee Row en passant par Olivia Wilde apportent un plus à l’univers de la série, le scénario ne sait que faire de tout cela. Le scénario est tellement surchargé qu’il s’égare bien souvent entre cette volonté de dire quelque chose et cette autre volonté de construire une série sur le rock’n’roll comme un documentaire incarné. Andy Warhol ou Alice Cooper sont des incarnations d’une culture de l’époque dont Vinyl tente de bénéficier sauf qu’il ne suffit pas de faire du « name-dropping » dans une série pour la rendre intéressante. Boardwalk Empire ne faisait jamais des choses de ce genre là. Du coup, je crois que Vinyl échoue lamentablement ici à être cohérente narrativement parlant.
Le scénario est lâche, loin d’être à la hauteur des figures qu’il cherche à dépeindre et cela se ressent drôlement du début à la fin de cet épisode. Je crois que cet épisode est une sorte de symbole de ce que Vinyl incarne de plus médiocre, de l’échec qu’elle peut être (et l’échec ne se mesure pas qu’à la qualité, les téléspectateurs n’étant pas vraiment au rendez-vous - moins d’un million d’abonnés HBO, ce qui représente l’un des pires scores pour un drama sur la chaîne à péage depuis un bout de temps - et pour une série 100 millions de dollars c’est dur). C’est dommage car toutes les personnalités présentes dans Vinyl sont des gens sur qui il y a des archives, des interviews, etc. On sait donc qui sont ces gens et Vinyl n’arrive pas à utiliser tout cela à son avantage pour laisser de côté cette pseudo présentation afin de se concentrer sur d’autres éléments narratifs. Finalement, la musique reste ce qui m’attire le plus dans Vinyl. Il n’y a rien d’autre de vraiment percutant là dedans en dehors de la musique et c’est vraiment dommage. Martin Scorsese est quelqu’un pour qui j’ai énormément d’affection, Terence Winter également (surtout pour ce qu’il a fait sur Boardwalk Empire, puis avec Le Loup de Wall Street, pour des exemples récents). Mais Vinyl ne me permet pas de retrouver ce côté brillant qu’il y a chez ces gens là.
Note : 4/10. En bref, l’échec cuisant de Vinyl vient surement des problèmes narratifs de la série.