[Critique] X-Files, Saison 10

Par Régis Marton @LeBlurayphile

Titre original : The X-Files

Une création de: Chris Carter

Avec: David Duchovny, Gillian Anderson, Mitch Pileggi, William B. Davis, Joel McHale, Robbie Amell, Lauren Ambrose

Averti par un journaliste du web qu'un complot impliquant des extraterrestres est en marche, Dana Scully, reconvertie en chirurgienne depuis la fermeture de la section des Affaires non-classées, contacte son ancien acolyte Fox Mulder, qui vit en ermite. Reprenant leurs enquêtes, il réussissent à convaincre leur ancien responsable Walter Skinner de rouvrir leur bureau au sein du FBI. Mais tout le monde ne voit pas leur retour du bon œil.

I would like to believe

Avec ses plus de deux-cent épisodes entre 1993 et 2002, X-Files est une des séries qui a amorcé l'âge d'or des séries dont nous profitons actuellement. Référence absolue dans le domaine des séries fantastiques, son concept de construire comme un feuilleton policier une suite de scénarios fantastiques dissociés, à la façon de La Quatrième Dimension, le tout traversé d'une vaste intrigue complotiste pensé comme le lien entre les saisons, a révolutionné le genre. Et pourtant, les dernières saisons avaient perdu leur intérêt avec l'éloignement de son personnage principal (Mulder, uniquement présent dans la moitié des épisodes de la saison 8 et ne faisant que deux apparitions dans la suivante) et la confirmation que les auteurs ne savaient plus comment exploiter le mythe pour conclure la série. Après un premier long-métrage sorti entre la cinquième et la sixième saison, un second film en 2008, soit plus de cinq après la fin de la série, a tenté de renouer avec l'adhésion des anciens fans, mais le résultat fut assez déplorable. Huit ans plus tard, à l'heure où Hollywood fait son beurre en déterrant ses vieilles franchises, c'est en reprenant son format initial qu' se redonne une nouvelle jeunesse. Puisque l'on sait que revoir Mulder et Scully reformer le duo mythique n'est pas un argument suffisant pour fédérer le public, il est légitime de se demander comment cette dixième saison pouvait espérer réussir ce pari.

Avoir retrouvé la formule faisant de chaque épisode une histoire indépendante est-elle une bonne idée en tant qu'hommage jusqu'au-boutiste aux repères des anciens fans ou au contraire une mauvaise idée tant l'absence de cohérence scénaristique entre ces six nouveaux épisodes ne
peut assurer de boucler la boucle en répondant une bonne fois pour toute aux nombreuses questions laissées en suspens? Un peu des deux sans doute. Le premier épisode, intitulé en françaisLa vérité est ailleurs (My Struggle, mon combat, en VO) a pour but de relancer une intrigue close depuis 14 ans, le scénario utilise pour cela un nouveau personnage ancré dans le présent pour ressortir les deux héros de leur retraite. Cet outil scénaristique, c'est Tad O'Malley est un journaliste à forte tendance conservateur (sans doute Chris Carter espérait par-là se réconcilier avec la Fox) mais obnubilé par les théories du complot. Cet épisode d'ouverture souffre de la même difficulté que les nombreux films capitalisant sur l'effet nostalgique, à savoir réussir à assembler un maximum d'éléments dans lesquels vont se retrouver les anciens spectateurs sans que les non-initiés puissent être perdus, voire même en leur donnant envie de rattraper leur retard. Un équilibre délicat qui se traduit par une mini-intrigue lourdement explicative mais qui réussit bien le défi de justifier ce que sont devenus les agents Fox Mulder et Dana Scully depuis la fin de la neuvième saison est parfaitement réussi. Le cliffhanger de cet épisode nous laisse dans l'attente de sa suite, qui ne viendra que dans le sixième, afin de démêler le mystère du retour tant attendu de l'Homme à la cigarette, ce méchant emblématique que l'on a pourtant vu mourir plusieurs années plus tôt. La saison avait jadis l'habitude des épisodes allant par paires, mais qui toujours se suivaient, et d'un ratio de 30% de l'ensemble relatif à l'arc narratif dit de la " Vérité ", en cela la conception de cette dixième saison est fidèle à la vieille recette.

Des épisodes inégaux en attendant une conclusion bâclée

Les quatre épisodes suivant se concentrent donc sur des enquêtes à priori sans lien entre elles. Dès le second toutefois, on remarque qu'un élément, déjà évoqué dès le précédent, va devenir la clef de cette saison bonus : La mélancolie et les regrets des deux personnages d'avoir fait adopter leur fils à la fin de la neuvième saison. On notera le travail fait pour que chacun de ses épisodes d'anthologie puisse se détacher dans leur traitement. L'intéressant complot médical très sérieux développé dans l'épisode 2 est ainsi très loin du ton très comique du suivant. Le troisième épisode est en effet surprenant dans sa façon de détourner avec une autodérision décapante les mécanismes de la série et leurs personnages, non sans égratigner certains clichés américains contemporains. L'épisode 4 est assez décevant dans le sens où son potentiel horrifique de la créature au cœur du scénario est parasité par le mélodrame larmoyant de la mort de Scully. Le cinquième épisode quant à lui, débute à la façon d'un thriller d'espionnage à la pour dériver vers un développement assez bavard entrecoupé par une scène psychédélique dans laquelle David Duchovny semble exprimer sa volonté de ressusciter également son personnage de Californication. Cet avant-dernier épisode semble finalement être surtout le prétexte à introduire deux nouveaux personnages, les jeunes agents du FBI Miller et Einstein, assimilables aux nouveaux Mulder et Scully.

Le grand final tant attendu reprend donc la suite de l'intrigue de l'épisode d'ouverture, ainsi que ses défauts. Son pré-générique en forme de monologue-flash-back a en effet pour but avoué de bien expliquer aux spectateurs qui n'auraient pas profité des six semaines pour rattraper les 202 épisodes antérieurs les tenants et aboutissants de la série. La construction de cet épisode sensée clôturer définitivement la mythologie ne prend pas la forme classique de l'enquête policière, mais va rapidement dévier vers celle d'un véritable film catastrophe tant ses enjeux apocalyptiques prennent, en quelques minutes, une ampleur parfaitement irréaliste. La question que se posait les fans quant à la résurrection de l'Homme à la cigarette, elle est traitée sous le coude, à travers une révélation qui n'en ai pas une, mais qui permet de justifier le retour d'un autre ancien personnage qui fera plaisir aux fans : Monica Reyes, présente dans les saisons 8 et 9. Sans clore quoi que se soit, bien au contraire, on ne peut pas reprocher à cette conclusion ne pas venir confirmer des hypothèses laissées en suspens 15 ans plus tôt.

Au vu du dernier plan de cette saison, il est difficile de croire que Chris Carter n'ai pas derrière la tête une suite à donner aux aventures de Mulder et Scully, mais surtout que si ce projet devait voir le jour (ce qui semble en bonne voie), il ne pourrait plus reproduire le schéma des enquêtes anthologiques.

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