L’autopartage va conquérir l’Europe. Selon une étude du BCG, les services de véhicules en libre-service vont se développer… mais pas au point d’impacter fortement la vente d’automobiles neuves. Décryptage.
L’économie du partage continue de se développer. Dans le secteur médical notamment, où LendMed permet l’échange de matériel entre hôpitaux ou encore au niveau des Villes quand MuniRent se focalise sur l’échange d’équipements entre municipalités. Dans l’automobile, la “sharing economy” bouleverse le secteur de multiples manières. Uber et autres Lyft, le covoiturage de Blablacar et bientôt Facebook, ainsi que l’autopartage risquent d’avoir un impact sur la vente de véhicule. Les services d’automobile en libre-service en particulier, se popularisent. Paris, Bordeaux, Lyon, Nice… de plus en plus de communes y ont recours. Le Boston Consulting Group (BCG) s’est penché sur les conséquences de ce mode de transport sur l’industrie automobile d’ici à 2021. Sa nouvelle étude intitulée “What’s ahead for car sharing?” vient d’être publiée.
Le modèle de l’autopartage s’étend de plus en plus…
D’après le cabinet de conseil, d’ici à 2021, 35 millions d’utilisateurs d’autopartage vont réserver 1,5 millions de minutes de temps de conduite par mois et généreront un revenu annuel de 4,7 milliards d’euros. Cette croissance des services d’autopartage est plus particulièrement attendue en Europe, qui sera la région la plus rentable pour le secteur avec 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le continent s’est en effet d’ores et déjà doté d’un parc de 31 000 voitures destinés à l’autopartage qui sont utilisés par pas moins de 2,1 millions d’Européens. Et l’Allemagne est précurseur. Plus de 140 différents services d’autopartage y contrôlent une flotte grandissante de véhicules. De 1000 automobiles en 2001, Flinkster, Car2Go, DriveNow et autres sont passés à plus de 15 400 aujourd’hui, soit 50% du parc européen.
En 2021, près de 81 millions de personnes vivront dans les zones urbaines du vieux continent dont 46 millions de détenteurs du permis de conduire. Parmi ces derniers, 14 millions seront abonnés à un service d’autopartage. C’est proportionnellement plus qu’en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique. En effet, en comparaison : 31 millions parmi les 50 millions d’urbains en Amérique du Nord en 2021 auront le permis de conduire et seuls 6 millions d’entre eux utiliseront des véhicules en libre-service. Alors qu’en Asie-Pacifique, cela concernera 15 millions de personnes sur une population de 253 millions de personnes dont 75 millions de conducteurs potentiels. L’Autopartage va donc faire des émules dans le monde mais surtout en Europe.
Cela s’explique notamment par le fait que favoriser l’autopartage est considéré comme une source d’économie pour certains. En Europe justement, cela coûterait souvent moins cher de partager une voiture de temps en temps que d’en posséder une et de l’entretenir. C’est le cas pour 85% des propriétaires de berlines, 63% des conducteurs d’automobiles de taille moyenne et 46% de ceux au volant de “voitures compactes”. Cette conclusion a des conséquences sur la vente d’automobiles, qui restent limitées.
… mais impactera faiblement la vente de nouveaux véhicules
L’autopartage va réduire les ventes mondiales de véhicules d’approximativement 550 000 unités d’ici à 2021 soit environ 1% des ventes mondiales. Cela va causer une perte de revenue net pour les équipementiers automobiles de 7,4 milliards d’euros. Ce chiffre prend en compte l'impact des achats anticipés qui n’ont pas eu lieu, l'augmentation de l'auto-partage, et les ventes de flottes pour ce service. Encore une fois, les disparités de conséquences entre les régions sont palpables. C’est en Europe que l’effet de l’autopartage sur les ventes d’automobiles sera le plus important en pourcentage. En effet, la baisse des ventes correspondra à 1,3% du total prévu en 2021 sur le vieux continent, contre 1,2% en Asie-Pacifique et 0,3% aux Etats-Unis. Cela s’explique par des différences culturelles, démographiques et des volontés politiques.
D’après l’étude, en Europe par exemple, les conducteurs sont souvent découragés d’utiliser leur véhicule dans les centre-villes, ce qui dissuade certains d’acquérir leur propre automobile. Les jeunes auront alors plus tendance à s’abonner à des services d’autopartage mais les personnes plus âgées, cible privilégiée des industries automobiles, auront plus de mal à se défaire de leur véhicule privé.
Aux Etats-Unis, c’est l’étendue du pays et la faible densité de population qui rend l’automobile personnelle presque indispensable. Les Américains parcourent régulièrement de longues distances et utiliser l’autopartage fait alors moins sens. Un tel service a cependant plus de chance de se développer dans des villes plus densément peuplées comme Boston, New-York ou encore San Francisco.
En Chine, le bilan est plus contrasté. La circulation souvent congestionnée des grandes villes décourage les jeunes d’acheter leur propre voiture mais dans des villes plus petites, le fait de posséder une voiture reste un symbole de réussite pour la classe moyenne émergente.
Selon le BCG, en 2021, le développement des services d’autopartage n’aura donc pas d’incidence remarquable sur la vente de véhicules neufs, contrairement aux voitures autonomes qui pourraient avoir un impact substantiel sur le long terme, et ce dès 2027.