Cette ritournelle, on l'a scandée toute notre enfance.
Être policier n'avait rien de noble quand j'étais plus jeune.
C'était l'autorité.
Encore aujourd'hui, je lutte contre cette envie folle de souffler "fuckkkkkking cop" quand j'en croise un en voiture.
C'est absurde, malsain et immature. J'y travailles.
Il est possible que certains policiers le deviennent avec le but premier de faire le bien, lutter contre le mal. maintenir l'ordre social. Il est même possible que ce soit la majorité d'entre eux. Malheureusement, on entend généralement parler des autres. Ceux qui deviennent policier par soif d'un pouvoir qu'il n'aurait jamais eu ailleurs dans leur vie jusqu'à maintenant. Et qui inconsciemment, souhaitent vengeance.
C'est probablement le cas du matricule 728, Stefanie Trudeau.
Vous ne verrez pas le pays se solidariser pour Yvan Vallée, mort coincé sous la machine qu'il tentait de nettoyer à Lévis la semaine passée.
C'est aussi ce qui s'est passé dans le cas de Stéfanie Trudeau.
Elle était mandatée de maintenir l'ordre dans le cadre des manifestations contre la gouvernement Charest, qui prévoyait rendre les frais d'accès universitaire moins avantageux pour les étudiants, (une histoire de génération pelletant sa mauvaise gestion des finances dans la cour d'une autre) prenaient place au Centre-Ville de Montréal.
Toutefois, quelques mois plus tard, elle noierait le reste de sa carrière. Son manque de jugement allait être trop criant.
En choisissant de monter dans l'appartement pour donner une volée à un homme qui l'avait traitée de grosse, elle a déshonoré sa profession au point d'en perdre sa badge. Les commentaires qu'elle a portée ensuite sur "les carrés rouges" et "les gratteux de guitare de mangeux de marde" allait jeter une ombre qu'il tardera longtemps à effacer des mémoires collectives sur sa profession.
En anglais on parle de brotherhood entre policiers.
Ou pourrait y lire toute la connotation négative qui s'y rattache.
Elle a perdu son emploi depuis, et a été trouvée coupable de voies de faits la semaine dernière.
Justice a été rendue. Pour une histoire de bière.
Dieu merci, il y avait des "bons" autour qui voyaient, allaient témoigner et filmaient.
Stéfanie Trudeau est malade et doit se soigner.
Pour ce "nous" dont parle les policiers entre eux, mais surtout pour elle.
Parce qu'entre Eux et Nous, il y a un lien commun.
Des êtres humains.
Des bons comme des mauvais.