L’oreille manquante, déficiente, entend peut-être mieux que l’oreille dite « normale » les bruits subliminaux de la vie, c’est ce que nous suggère Elisabeth Barillé dans son ouvrage « L’oreille d’or » paru aux éditions Grasset.
Pas de victimisation, pas de plainte, pas de revendication, non, un handicap assumé, sublimé, celui d’une oreille manquante du moins dans sa fonction cognitive. Mais pour cette auteure, qui écrit avec un style feutré, chuchoté, sur le ton de la confidence, « l’oreille manquante distingue ce que ma bonne oreille n’entend pas forcément ». Un phénomène somme toute classique pour toute personne qui non seulement assume mais potentialise les « atouts » de sa déficience : la capacité à suppléer un manque par un « plus », qui fera d’elle, et parfois malgré elle, une personne remarquable pour le quidam.
« La surdité est une fidélité définitive, une fidélité à soi-même imposée du dedans, contre les aventures dictatoriales du dehors ». Le handicap impose l’exploration intérieure, enrichit l’être de sensations inédites, d’un imaginaire de substitution qui remplace la fonction corporelle absente. La perception des sons n’est pas la même car l’auteure ne la reçoit que d’un seul côté, de son oreille valide, mais la compensation vient de son « Oreille d’or », de son oreille « subliminale » qui sait décrypter les musiques du silence, les bruissements des âmes et les vies intérieures.
Le livre d’Elisabeth Barillé est assurément un voyage littéraire qui entrouvre les portes d’un monde qui n’est pas celui d’une malentendante mais d’une « bien-entendante » qui sait percevoir nos vies autrement mais sublimement.
Philippe Barraqué, musicothérapeute, musicologue
- http://www.stop-acouphenes.fr – La référence en thérapie sonore anti-acouphènes
- http://www.handicapchallenge.fr – Vivre ensemble le handicap