Pour survivre, une entreprise doit réaliser un chiffre d’affaires couvrant au moins ses frais fixes. Dans le cas contraire, elle compromet sa trésorerie et s’expose à de graves difficultés. Lorsque ses ventes progressent, comme cette amélioration peut n’être que temporaire, le patron ne va pas embaucher. Mais, afin de satisfaire cette demande accrue, il lui faut disposer d’une quantité de main d’œuvre supplémentaire. Une première solution est de faire appel à une société d’intérim. Si l’on peut ainsi ajuster sans difficulté l’effectif de la main d’œuvre aux besoins de production, l’entreprise a souvent besoin aussi d’acquérir des équipements nouveaux à mettre à la disposition de ces intérimaires, outils ou postes de travail. Le recours à des heures supplémentaires apparaît donc comme une solution moins coûteuse et tout à fait appropriée.
Les produits ou services ainsi réalisés apportent une marge plus importante que celle due au volume de production régulier qui, lui, assure la couverture des frais fixes. Il est donc équitable que ceux qui permettent cet accroissement de production temporaire perçoivent une part de cette amélioration de la marge. Ceci justifie une majoration du prix de l’heure supplémentaire. Une première étape vers la généralisation des heures supplémentaires a été franchie lorsque, au cours du quinquennat Sarkozy, ces heures supplémentaires ont été défiscalisées. On se prépare maintenant à aller plus avant dans cette même voie en diminuant le taux de majoration des heures supplémentaires. On constatera alors qu’un recours massif aux heures supplémentaires permettra de différer des embauches pourtant bien nécessaires.
L’effet pernicieux de ces mesures a été mis en évidence lors de la « refiscalisation » sous le gouvernement Ayrault, de ces mêmes heures supplémentaires. De nombreux salariés se sont alors plaints de voir leurs ressources diminuer sensiblement. Pour que l’effet de la défiscalisation ait été perceptible, il faut supposer que les heures supplémentaires ne furent pas utilisées de manière temporaire mais bien au contraire constamment, constituant un complément de salaire bienvenu auprès de revenus modestes. Si, comme exposé plus haut, il est normal de recourir à la souplesse apportée par les heures supplémentaires, il est contre-productif en période de chômage de les utiliser pour écarter les embauches nécessaires.