Ouest-France, 18 février 2016
Le cercle Armor Argoat de Lorient est l'un des nombreux adhérents d'Emglev Bro an Oriant. | Hélène Lompech
Charles JOSSE.
L'heure est aux économies publiques. La mairie a revu bon nombre de subventions à la baisse. Pour l'association bretonne du pays de Lorient, c'est moins 30 % d'un coup.
32 000 € en 2015, 21 500 € en 2016. C'est un tiers de subvention en moins d'une année à l'autre. Voilà le régime voté en conseil municipal, le 4 février dernier, auquel l'association Emglev Bro an Oriant va devoir se tenir.L'Entente du pays de Lorient (la traduction en français) a été créée en 1985. Elle fédère une cinquantaine d'associations oeuvrant pour la culture et la langue bretonnes. C'est elle qui pilote les Deizioù, le festival breton qui se déroule en ce moment aux quatre coins du pays de Lorient.
« Un coup d'assommoir »
La baisse de la subvention est tombée comme un couperet. « Nous n'avons pas été avertis, nous l'avons découvert le lendemain du vote, ça a été brutal, un coup d'assommoir », confie Yvonig Le Merdy, présidente d'Emglev Bro an Oriant.
Selon Emmanuelle Williamson, adjointe au maire en charge de la culture, plusieurs propositions de rendez-vous, avant que ne se tienne le conseil municipal, n'ont pu aboutir. Yvonig Le Merdy, qui ne souhaite s'exprimer davantage pour l'heure, explique qu'elle n'a jamais été informée d'une baisse éventuelle de la subvention.
10 000 € de moins, ce n'est pas rien, même s'il n'y a pas péril en la demeure. Mais le mouvement breton s'interroge. « C'est la première baisse importante et unilatérale de l'aide de la ville à Emglev », s'insurge Jacques-Yves Le Touze, fondateur de l'Entente, qu'il a présidée jusqu'en 1992. Il fait aussi conseiller municipal sous l'ère Le Drian, en charge de la promotion de la langue et de la culture bretonnes.
L'heure est aux économies publiques. Bon nombre de subventions ont été revues à la baisse, de l'ordre de moins 5 %. Pourquoi 30 % dans le cas d'Emglev Bro an Oriant ? « La Ville n'a pas vocation à subventionner des actions qui, pour les deux tiers, se tiennent hors commune », explique Emmanuelle Williamson.
Autrement dit, le soutien devrait plus naturellement exister au niveau de l'agglomération. Jacques-Yves Le Touze partage cette idée, « ça me semblerait une bonne chose », dit-il. Mais, enchaîne-t-il aussitôt, « la culture n'est pas une attribution de l'Agglo ». Voilà un serpent qui se mord la queue.
« J'attends un projet »
Jacques-Yves Le Touze pousse le bouchon plus loin encore. Il voit dans la baisse de la subvention « un intérêt (de la mairie) en complète régression » pour la langue et la culture bretonnes.
Il va même jusqu'à parler de « mépris » chez certains élus. Et il regrette aussi le silence de Yann Syz, adjoint au maire et élu UDB.
Emmanuelle Williamson rejette en bloc ces reproches. Elle croit dans « la belle énergie du mouvement culturel breton ». Mais, ajoute-t-elle, elle attend aussi « un projet » de la part d'Emglev Bro an Oriant. « Il y a besoin d'un nouveau souffle », dit-elle encore. Pas sûr que l'association apprécie la partition municipale.