Gloriana ou la Reine inassouvie

Par Sylly

" En ce nouvel âge d'or, Gloriana règne sur Albion et son empire.
Si la cour vit au rythme de la reine, le gouvernement repose sur le chancelier Montfallcon et son réseau d'espions et d'assassins. Parmi eux l'énigmatique et redoutable capitaine Quire.
Et tandis que la reine de vertu languit dans son palais creusé de souterrains mystérieux, Quire, le prince du vice, trame dans l'ombre l'écheveau complexe de ses intrigues...
Albion n'est pas l'Angleterre, Londres n'est plus dans Londres et le monde de la Renaissance a changé ; de même Gloriana n'est pas Elisabeth Ire. Pourtant... "

" Jour après jour, la reine Gloriana, belle et digne, sage et toute puissante, conduit les affaire de l'État selon les nobles idéaux de la chevalerie. Nuit après nuit, elle recherche cette satisfaction, cet abandon ultime, cette libération auprès desquels elle est parfois passée pour retomber, au bord de l'extase, dans le supplice de la frustration, de la détresse, du dégout de soi, du cas de conscience, de la honte. "

Ma première plongée dans les mondes de Moorcock, me laisse sceptique. non pas que je n'ai pas aimé ce récit, loin de là, j'ai beaucoup apprécié l'atmosphère qui s'en dégage mais je ne sais si c'est le style ou les personnages en eux même; j'ai refermé le livre en me demandant un peu ce que j'avais lu...

En gros nous évoluons dans une sorte d'uchronie anglaise de la renaissance. Gloriana est la souveraine toute puissante du royaume, de l'Empire d'Albion, une puissance mondiale. Et sur ses épaules repose toute la difficulté de garder la paix entre les différents royaumes alliés, tout en portant le poids des années de tyrannie sanglante que son défunt père Hern à fait subir à ce même royaume avant elle. Pour l'y aider elle se repose entièrement sur son Conseil, et notamment sur son chancelier Lord Montfallcon, ancien conseillé de Hern, qui voit en elle la rédemption totale du passé. Même si il veut atteindre cette rédemption en faisant de cette glorieuse reine un être à part, aimé de tous, désiré de tous, un symbole de pureté, il n'hésite malgré tout pas à utiliser des méthodes beaucoup moins charmante en faisant appel à des assassins, et espions, ainsi qu'à des manipulations politiques pour maintenir cette paix.

En fait, si on y regarde de plus prêt, ce n'est point Gloriana qui tire les ficelles du royaume ... D'autant plus qu'elle souffre d'un mal qui la ronge nuit après nuit. Jamais elle n'a trouvé celui qui lui permettrait d'assouvir entièrement ses désirs, et elle traine un sérail de créatures toutes plus étranges les unes que les autres pour se créer des sensations fortes ... Gémissant chaque nuit avant de trouver le sommeil, suppliant pour qu'enfin son désir soit comblé. Et dans son royaume, ils sont nombreux à vouloir lui procurer ce qu'elle cherche...

Plonger dans GLoriana, c'est en sorte assister lentement à la déchéance d'un royaume que tous pensait hors d'atteinte. Mais Gloriana est l'État, et si Gloriana faiblit, l'État également...

Les personnages de ce roman sont très hauts en couleur, étranges, je dirais même exubérants. J'avoue avoir eu un peu de mal à m'attacher ou à m'identifier. Ils sont tellement décalés, on sent qu'ils appartiennent à un autre monde. Gloriana, semble particulièrement charismatique, mais on sent sa faiblesse allant croissant tout le long du récit. Pour être honnête je n'ai ressenti aucune émotions particulière envers elle, je la suivais juste spectatrice attendant de voir le moment où elle tomberait de son trône... Lord Montfallcon quant à lui, semble de premier abord un être rongé par le passé. il parait noble et prêt à tout pour Gloriana et le Salut du royaume. Le Capitaine Quire, misérable petit rat intelligent et manipulateur à souhait est probablement le personnage le plus intéressant, même s'il ne m'a jamais prise au dépourvu... Le plus drôle peut-être ressort dans la personnalité burlesque du Docteur Dee qu'on imagine vivre ou venant d'une autre planète.

Peut-être que ce récit ne m'a pas plus touché, parce qu'il ne m'a jamais surpris. je m'attendais toujours plus ou moins à ce que j'allais lire, aux manipulations et à leurs conséquences. Et finalement c'est peut être le dernier chapitre qui m'a le plus scotché, car il m'a simplement déçu... Je ne sais quel message Moorcock a voulu faire passer dans une telle fin, si ce n'est que la renaissance ne peut s'obtenir qu'en atteignant le degré ultime de la débauche, de la perversité et de la cruauté ...

Alors oui je sais, vous êtes en train de vous dire qu'en fait je n'ai pas du tout aimé ce livre, et pourtant ce n'est pas le cas, ce que j'ai aimé dans ce livre c'est son atmosphère principalement. L'histoire reste intéressante et étonnante dans sa globalité. Ce n'est pas du tout un coup de cœur, et après avoir fait mes armes avec Gloriana, j'ai surtout envie de me plonger dans une valeur plus sûre de Moorcock, à savoir la saga d'Elric ^^

Gloriana ou la Reine Inassouvie

Michael Moorcock

Traduit de l'anglais par Patrick Couton

Titre original : " Gloriana or the Unfulfill'd Queen "