Florence Clerfeuille est aujourd’hui mon invitée. Auteure autoéditée passionnée, elle a accepté de répondre à mes questions dans le cadre de cette interview.
Bonjour Florence, tout d’abord, peux-tu nous raconter comment tu es devenue une auteure indépendante ?
Bonjour Thibault ! Il y a eu plusieurs étapes. D’abord, une période (au siècle dernier ^^) où j’ai écrit des récits de voyages (six mois en Afrique de l’Ouest, deux ans sur le continent américain) que j’ai proposés à différents éditeurs. Sans succès.
Ensuite, en 2002, j’ai publié mon premier livre, via une plateforme qui s’appelle Le Manuscrit. Il s’agissait de papier : l’édition numérique telle qu’on la connaît aujourd’hui n’existait pas.
Pendant quelques années, j’ai continué à publier sur cette plateforme (trois livres au total), avant de devenir complètement indépendante, en 2008, en faisant imprimer moi-même La face cachée des cocotiers, récit d’une mission humanitaire en famille d’un an en Sierra Leone.
Enfin, en 2012, j’ai publié mon premier livre numérique sur Kindle. Il s’agissait de Devenir biographe, livre que je diffuse surtout en papier. D’autres ont suivi, certains exclusivement en numérique (À l’abri et Les 15 derniers jours), les autres dans les deux formats.
Florence Clerfeuille
Tu écris depuis toujours. Quand et pourquoi as-tu décidé de franchir le pas et de faire publier tes textes ?
Mon tout premier texte publié s’intitule Tranche de vie humanitaire. C’est un témoignage romancé que j’ai écrit au retour de ma deuxième mission, après avoir passé un an au Sri Lanka. J’avais besoin d’évacuer un certain nombre de choses et surtout envie de remettre les pendules à l’heure concernant un univers qu’on présentait souvent comme un monde idéal.
Cette image ne correspondait pas du tout à ce que j’avais expérimenté. Parmi les expatriés j’avais vu beaucoup plus de luttes de pouvoir, de dépendance à l’alcool ou à d’autres substances, de détournements de fonds ou de comportements colonialistes que de choses remarquables. J’éprouvais un certain ras-le-bol (pour ne pas dire dégoût !) et c’est ce qui m’a donné l’énergie pour aller au bout de ce projet.
Tu as écrit de nombreux livres dans des genres différents et tes dernières parutions sont des romans d’une trilogie policière Le chat du jeu de quilles. Est-ce une démarche de ta part de changer régulièrement de genre ou cela reflète-t-il ton inspiration du moment ?
Je me suis en effet essayée à des genres très différents : récits autobiographiques, livre pratique, nouvelles, science-fiction et enfin polar. Parce que c’était ce que j’avais envie de faire à ce moment-là. Parce que je veux avant tout me faire plaisir ! J’ai envie d’être lue, bien sûr, mais pas au point de n’écrire qu’en fonction de ce que les lecteurs peuvent attendre.
On m’a souvent dit par exemple que situer l’action du Chat du jeu de quilles en Aveyron n’était pas une bonne idée. Le fait est que cet aspect rural, limite roman de terroir, en a rebuté certains. Mais c’était là que j’avais envie de situer mon action. Parce que c’est une région que j’aime et que je voulais faire découvrir.
J’ai aussi envie de surprendre mes lecteurs en les amenant dans des histoires dans lesquelles ils n’auraient pas forcément pensé s’aventurer !
Tu es également biographe et écrivain public. Peux-tu nous en dire plus sur cette activité ?
Exercer cette activité, c’est mettre ses compétences en écriture au service des autres. Les prestations peuvent donc être très variées : écriture de simples courriers, de contenu de site web, de textes de présentation pour une exposition, de lettres de motivation, de biographies, correction de manuscrits, transcription d’enregistrements audio ou vidéo…
Aujourd’hui, je me focalise surtout sur la correction de manuscrits et la rédaction de biographies. Aller à la rencontre de gens qui veulent raconter leur histoire est très enrichissant. Adapter l’écriture du récit à leur personnalité est un exercice extrêmement intéressant. Cela me nourrit aussi en tant qu’écrivain.
Cela dit, mon écriture personnelle occupe une part de plus en plus grande de mon emploi du temps
Tu sembles revendiquer sur ton blog une identité régionale : cela se traduit-il par la relation que tu entretiens avec tes lecteurs ?
Je n’ai pas l’impression de revendiquer une telle identité, mais c’est vrai que j’aime la région dans laquelle je vis. Je n’en suis pas originaire, mais c’est ma patrie d’adoption et j’ai envie de la faire connaître et aimer. Certains commentaires de lecteurs montrent qu’avec Le chat du jeu de quilles j’ai atteint mon but !
C’est vrai aussi que j’ai une relation privilégiée avec les lecteurs qui habitent près de chez moi, ne serait-ce que parce que je les rencontre « en vrai » lors de salons ou de séances de dédicace. Dans ce cas, ce sont surtout des lecteurs papier… mais je profite de ces rencontres pour militer pour la lecture numérique.
Quels sont tes écrivains préférés ? Tes sources d’inspiration ?
Ce sont plus souvent des livres qui me marquent, que des écrivains. Mais il y en a quand même quelques-uns dont j’ai tendance à acheter les livres sans me poser de questions parce que je n’ai jamais été déçue : Bernard Werber, Jean-Christophe Rufin, Sylvain Tesson. Et chez les indés : Jacques Vandroux, MIA, Solène Bakowski. J’attends aussi avec impatience le prochain Amélie Antoine
Quant à mes sources d’inspiration, elles sont multiples et infinies, comme c’est, je pense, le cas pour la plupart des auteurs. Tout ce que je vis, vois, entends est susceptible de me donner des idées. Tous les gens que je rencontre, tous les échanges que j’ai, mes lectures… Je prends beaucoup de notes. Et puis un jour, il y a un sujet qui s’impose.
Un dernier mot pour la fin ?
En 2016, je prévois la publication des deux premiers tomes de ma nouvelle trilogie. Cette fois, il s’agira d’une saga familiale sur trois générations (d’où les trois tomes ^^) qui aura comme thème la condition féminine et l’évolution de la place des femmes dans la société française depuis les années cinquante.
Encore un nouveau territoire à explorer