[Critique] THE FINEST HOURS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : The Finest Hours

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Craig Gillespie
Distribution : Chris Pine, Casey Affleck, Ben Foster, Holliday Grainger, John Ortiz, Eric Bana, John Magaro, Josh Stewart, Abraham Benrubi…
Genre : Aventure/Drame/Adaptation
Date de sortie : 24 février 2016

Le Pitch :
18 février 1952 : la côte Est des États-Unis est frappée par l’une des pires tempêtes de son histoire. Au large, deux gigantesques pétroliers sont touchés de plein fouet. L’un d’eux se brisant littéralement en deux. Bernie Webber, un garde-côte, est envoyé avec trois autres hommes, à la rescousse des survivants, dangereusement soumis à la violence des éléments. Alors que le temps joue contre lui, Webber va braver les dangers d’un océan déchaîné aux commandes de son petit bateau de secours. Histoire vraie…

La Critique :
Quand Disney s’attaque à une histoire vraie aussi propice à souligner le courage d’hommes confrontés à une situation extraordinaire, que celle du sauvetage de ce pétrolier au large des côtes de la Nouvelle-Angleterre, il ne faut pas s’attendre à quelque chose d’original.
Piloté par Craig Gillespie, un honnête artisan hollywoodien pour la première fois propulsé à tête d’un blockbuster de plusieurs millions de dollars, The Finest Hours s’appuie donc sur un schéma préétabli. Le cahier des charges est connu de tous. Ce qui ne veut pas dire que le film court à l’échec. Bien au contraire. Le tout est de savoir dans quoi on s’embarque.

The Finest Hours repose ainsi sur la valeur sûre qu’est l’héroïsme. Chris Pine, Ben Foster ou Casey Affleck incarnent des hommes qui ne lâchent rien. Abandonner ne fait pas partie de leur philosophie. Accablés par le froid, la pluie, la neige et un océan bien décidé à sans cesse rugir, ils sont des héros du quotidien. Des types de prime abord banals. De ceux qu’on ne distingue pas mais qui sont amenés à marquer les mémoires.
L’histoire que nous raconte Craig Gillespie est vraie. À la fin, comme souvent, le film nous montre même le vrai visage des personnages et jamais on ne doute de la fidélité du scénario au roman qui raconte cette terrible aventure. Le truc par contre, c’est que Disney s’est approprié cette histoire pour en faire le parfait véhicule des valeurs qui caractérisent ses fondements depuis la sortie de Blanche-Neige et les Sept Nains en 1937. Pas de violence dans The Finest Hours, pas de personnages trop âpres non plus. Le méchant, c’est le temps, avec ses trombes d’eau glacée et ses vents de plus de 100km/heure. Il y a bien un ou deux types qui paraissent un peu moins sympas que les autres, mais ils finissent par rentrer dans le rang ou par se voir amoindri par un scénario relativement unilatéral en ce qui concerne les émotions des protagonistes.

Pour autant, la bonne surprise provient de la structure du long-métrage. Scindé en deux, il suit simultanément les rescapés du pétroliers cassé en deux en pleine mer, et l’équipe des gardes-côte, jusque à leur rencontre à la fin du film. D’un côté, Casey Affleck tente de maintenir à flot un morceau de bateau et de l’autre Chris Pine s’efforce de le rejoindre avec une sorte de hors-bord. Plutôt efficace, l’écriture confère un dynamisme non négligeable à l’histoire, qui au fond, n’ennuie jamais. Il convient également de souligner la pertinence de la longue introduction, destinée quant à elle à rendre crédible la démarche du personnage incarné par Chris Pine, ainsi que l’histoire d’amour qu’il débute avec une fille, qui est loin d’être mise au second plan. Malgré sa profusion de personnages, The Finest Hours cherche néanmoins à tous les exploiter correctement. La conséquence d’un tel soin étant principalement l’attachement que l’on éprouve à leur égard et la sincérité qui se dégage de l’ensemble. D’autant plus que les acteurs sont tous impeccables, si on fait exception d’Eric Bana, probablement le plus mal servi du lot, et donc pas assez présent pour creuser son rôle correctement, devant se contenter de le faire ressembler au cliché qu’il est sur le papier.
Chris Pine par contre, va à contre-courant de la majorité des personnages qu’il a incarné jusqu’alors et campe avec une sensibilité et une pertinence remarquables ce garde-côte amené à devenir un héros. De l’autre côté, au milieu des vagues, Casey Affleck mène la danse avec l’intensité qu’on lui connaît, véritablement bien entouré par tout un groupe de comédiens tous très bons. Même sentence pour Ben Foster, certes un peu effacé, mais toujours impeccable quand il s’agit d’assurer les arrières de la tête d’affiche, et pour Holliday Grainger, qui parvient pour sa part à imposer avec force et conviction le seul personnage féminin d’importance.

Jamais The Finest Hours ne tente de nous faire avaler des couleuvres. Le film est tel que la bande-annonce le présente. Un blockbuster bien sous tous rapports, assez lisse mais convaincant et également plutôt spectaculaire. Soutenu par une photographie cadrant parfaitement avec les intentions, il démontre d’une vrai bravoure quand il s’agit de faire gronder les flots, grâce à des effets-spéciaux globalement irréprochables. Le tout enveloppé par les partitions au diapason de Carter Burwell, soit l’un des compositeurs les plus éclectiques et les plus inspirés du moment, capable de sublimer le cahier des charges d’une production Disney comme celle-là, et juste après, de bosser avec les frères Coen ou Todd Haynes sur des projets beaucoup plus indépendants et personnels.

The Finest Hours ne va pas révolutionner le film d’aventure. Il propose par contre du grand spectacle à l’ancienne, propre sur lui, impressionnant par moment et fédérateur. Précisément le style qu’on peut voir en famille. Dans la grande tradition du genre, il vogue sur une mer de clichés qu’il fait siens, tranquillement, sans cynisme et sans non plus tomber dans l’excès. Il est tout à fait compréhensible que certains spectateurs n’adhèrent pas, mais pour d’autres, cette production un peu désuète, aura largement assez d’arguments pour convaincre.

@ Gilles Rolland

  Crédits photos : The Walt Disney Company France