Prendre en charge l’exsudat, dans le traitement des plaies est un protocole à part entière, avec ses indications et ses techniques. Ce n’est donc pas une prise en charge de routine ou exécutée de manière systématique à l’identique pour chaque type de plaie ou chaque patient, rappelle cette revue du site Advanced Tissue. Alors que l’exsudat contribue aussi à la cicatrisation, une prise en charge adéquate est une composante déterminante dans la cicatrisation. Elle peut être effectuée de multiples manières, directement grâce à certains dispositifs, comme les pansements qui vont réguler l’humidité ou par des techniques physiques, comme la thérapie par pression négative par exemple ou enfin par des dispositifs de récupération des fluides.
Les exsudats font partie des effets secondaires associés aux plaies au même titre que la douleur, le gonflement et la rougeur, l’infection parfois, mais, à l’heure de la cicatrisation humide et dirigée, ils revêtent une importance toute particulière. Lors de l’étape précoce du processus de cicatrisation, l’inflammation, des facteurs médiateurs vont augmenter la perméabilité capillaire de sorte que les leucocytes puissent s’échapper et davantage de liquide puisse s’écouler des vaisseaux sanguins. L’exsudat est alors défini comme le fluide en excès qui va pénétrer dans la plaie. Au fil de la cicatrisation, le volume d’exsudat diminue, mais en cas de complications, la quantité d’exsudat va devenir excessive. De la même manière qu’une sécheresse extrême, une humidité trop élevée peut nuire à la cicatrisation.
Cette petite revue du site Advanced Tissue rappelle quelques principes de base du "drainage" de ces exsudats. Un point important, car l’accumulation de liquide peut être un signe de complications graves, mais peut aussi être parfois le signe d’une cicatrisation normale. C’est finalement l’évolution de la production d’exsudats qui va déterminer et permettre de surveiller la cicatrisation.
Une plaie trop exsudative est en général associée à un traumatisme, une inflammation chronique, une charge microbienne élevée, ou encore des dommages aux capillaires entrainant des saignements excessifs. A partir de quel niveau faut-il donc considérer que ces exsudats ne correspondent pas à une cicatrisation normale de la plaie ? On considère généralement, qu’une plaie saturée à 25% d’humidité est non problématique, qu’entre 25 et 75%, un drainage modéré permettra de résorber l’humidité excessive, et qu’au-delà de 75% la plaie pose le problème à la fois d’un niveau excessif d’humidité mais aussi celui des effets possibles du drainage sur sa cicatrisation.
· Différents types d’exsudats : la couleur, l’odeur et l’aspect ou consistance des exsudats permet généralement aux professionnels de santé les distinguer et les qualifier. On rappellera les principaux types d’exsudats : l’exsudat séro-sanguin, normalement peu abondant, de couleur rose ; il est généralement associé à la cicatrisation normale des plaies.
· Un exsudat purulent doit être considéré comme un signe d’infection ; cet écoulement trouble, laiteux, épais, parfois jaune ou vert, peut en effet être fibrineux en réponse à l’inflammation et/ ou contenir des leucocytes et des bactéries ce qui traduit l’infection.
· Un exsudat séropurulent est, en général lié à une infection moins sévère ; il est de couleur jaune/rosé.
· Un exsudat séreux pourtant considéré comme normal à la phase d’inflammation, peut néanmoins être associé à une infection par des bactéries productrices de fibrinolysine (SARM). Il est donc à surveiller car peut être le signe d’une infection grave.
· Un exsudat sanguinolent, de couleur rouge foncé, est plus souvent associé à des capillaires lésés. On parle également d’exsudat sanguin ou hémorragique.
L’évaluation de l’exsudat comprend normalement la prise en compte de nombreux autres facteurs, les caractéristiques de l’exsudat, bien sûr, de la plaie également, mais aussi des antécédents médicaux et chirurgicaux du patient mais aussi de son environnement et de son statut psychosocial.
La prise en charge de l’exsudat passe en premier lieu par le choix du pansement : Les pansements constituent, dans le cadre du traitement local de la plaie, l’option principale de cette prise en charge. Leur choix va dépendre de l’objectif à atteindre, soit augmenter l’humidité, soit maintenir l’humidité, soit réduire l’humidité de la plaie. Ainsi, si le choix du dispositif de pansement sera principalement basé sur sa capacité pour une plaie donnée à atteindre le volume d’exsudat souhaité, le protocole de soin, lui-aussi va participer à cet objectif. En particulier, dispositif et protocoles doivent apporter la meilleure gestion possible des nombreux problèmes associés à l’exsudat, que ce soit pour la cicatrisation de la plaie, ou plus largement pour le confort et la qualité de vie du patient. Enfin, les soignants ont aujourd’hui d’autres recours complémentaires possibles comme l’application topique de pression négative et des dispositifs de récupération de fluides (produits d’ostomie).
Sources:
World Union of Wound Healing Societies L’exsudat et role des pansements (Schéma)
World Wide Wounds September 2006 Modern exudate management: a review of wound treatments
Wound Care Advisor June 20, 2012Wound exudate types
Advanced Tissue February 18, 2016 Understanding the Ins and Outs of Wound Drainage
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