L’architecture saxonne désigne une période de l’histoire de l'architecture en Angleterre, et dans une partie du Pays de Galles : celle qui s'étend de la seconde moitié du Ve siècle à la conquête normande (1066).
Eglise de Saint-Pierre-des-Murs, Bradwell
Si les édifices profanes saxons sont généralement faits d'une simple charpente et couverts de chaume (il n'en subsiste aucun exemple unanimement accepté), les multiples vestiges d'églises de la période saxonne sont, eux, le plus souvent construits en pierre (à l'exception de l’église en bois debout de Greensted). Au moins cinquante églises d'époque présentent des motifs indiscutablement anglo-saxons, bien que dans certains cas, ces motifs soient d'importance mineure au regard de la taille de l'édifice, et au surplus très altérés. Elles révèlent parfois des indices de réemploi de structures d'époque romaine.
L'architecture des édifices religieux anglo-saxons, d'abord d'inspiration celtique, puis influencée par les basiliques paléochrétiennes, finit par se caractériser par ses pilastres à bandeaux, arcades aveugles, ses balustres et ses baies en arc brisé triangulaire. Au cours des dernières décennies du royaume anglo-saxon, un style roman venu Continent lui donne une plus grande unité : on en voit des vestiges sur les reprises de l’Abbaye de Westminster édifiée après 1050, où transparaît déjà l’influence normande. Ces dernières décennies, les historiens de l'architecture ont mis en doute le rattachement des motifs romans non-documentés à la période normande. Malgré un usage ancien, il n'est plus recommandé d'appeler « saxon » les artefacts ou édifices anglo-saxons postérieurs à la période de colonisation initiale de la Grande-Bretagne.
Dédaignant les anciennes villes romaines, les Anglo-Saxons établissent des villages de fermes, près des gués des rivières ou de ports fluviaux. Dans chaque village, une halle commune pourvue d'un foyer, occupe le centrede l'agglomération.
Histoire
La décadence politique de la province romaine de Bretagne au début du Ve siècle favorise l'arrivée d'envahisseurs venus de Frise, y compris des Angles et des Saxons.
Eglise Saint-Martin de Cantorbéry
Ces peuples pratiquent un culte païen, dont on voit d'ailleurs l'expression dans les représentations du Green Man sur les chapiteaux d'église de cette période ; mais leur évangélisation est amorcée. C'est d'ailleurs un Britto-Romain, Patrick, qui convertit l’Irlande, d'où partit ensuite l'évangélisation de l’Écosse occidentale. Mais l’architecture est au début influencée par le monachisme copte.
On peut en voir aujourd'hui les manifestations dans les voûtes de pierre-sèche de l’oratoire de Gallarus, et des oratoires de Dingle et d’Illauntannig, en Irlande. C'est encore grâce à l’œuvre des missionnaires que le christianisme et l'art celtique passent en Angleterre. En 635, ils établissent une mission dans l'île de Lindisfarne, en Northumbrie, où Saint Aidan fonde ensuite un monastère.
En 597, une autre mission, celle d’Augustin, part de Rome afin de convertir les Anglo-Saxons du sud de la Grande-Bretagne : elle consacre la première cathédrale du pays à Canterbury et y établit le monastère bénédictin. Ces églises comportent une nef et des chapelles latérales.
En 664, un premier synode se tient à Whitby, dans le Yorkshire, et les dignitaires issus du christianisme celtique et ceux de l’Eglise romaine s'unissent pour former l'Église d'Angleterre. De nouvelles églises, cette fois de la taille de basiliques, sont construite, par exemple à Brixworth.
Eglise Saint-Pierre, Barton-on-Humber
Sous les rois anglo-saxons, les populations britto-romaines du pays de Galles, de Domnonée et de Cumbria, caractérisées par des traditions linguistique, liturgique et architecturale disparates, non sans rapport avec les cultures d'Irlande et de Bretagne, connaissent au début une grande autonomie, s’alliant occasionnellement avec les envahisseurs vikings ; mais des siècles de domination anglaise finissent par donner au pays une certaine unité. Ce sont alors des édifices de pierre ou de charpente à plan circulaire caractéristique (plutôt que rectangulaire), ainsi que des croix celtiques sculptées, des fontaines sacrées et la recolonisation des villages de l’Age du fer et de la période romaine, depuis les mottes comme le château de Cadbury, des châteaux-forts comme celui de Tintagel, et les forts circulaires ; ces ringforts caractérisent, dans le sud-ouest de l'Angleterre, la période post-romaine jusqu'au VIIIe siècle. On en trouve des prolongements indépendants postérieurs au pays de Galles dans les villes de Caerleon et Carmarthen.
Les raids vikings (que l’on fait remonter à la mise à sac de Lindisfarne en 793) inaugurent une période de destruction, où disparaissent plusieurs édifices de l’Angleterre anglo-saxonne. Il faut reconstruire les cathédrales, et la menace d’invasion pèse inévitablement sur l’architecture. À partir du règne d’Alfred le Grand (871-899), les villes anglo-saxonnes (burhs) sont systématiquement fortifiées : on peut encore voir les glacis et fossés défensifs de cette époque, par exemple à Oxford, où un donjon en pierre du XIe siècle, l’église Saint-Michel de la porte Nord, occupe une positions avancée à l’extérieur de l'ancienne porte fortifiée. La construction de clochers à la place du narthex basilical, ou porche ouest, est une tendance de l’architecture saxonne tardive.
L'architecture religieuse
Les plus anciens édifices de style anglo-saxon encore debout ne sont guère antérieurs au VIIe siècle. À cette époque, l’architecture du nord de l'Angleterre, caractérisée par des constructions étroites à chancels carrés, diffère nettement de celle du sud, où les églises sont copiées sur le modèle d'Augustin, avec l'abside séparée de la nef par une triple voûte (par exemple à Reculver). L'abbaye d'Old Minster, à Winchester, y fait toutefois exception. L’exemple le plus abouti d'église nord-anglaise est celle d'Escomb ; mais pour le sud de l'Angleterre, aucune église à abside du VIIe siècle ne subsiste, et à Bradwell-on-Sea, seule la nef a survécu.
Peu d'édifices sont datables des VIIIe et IXe siècles, à cause des incessants raids vikings. L'évolution du plan et de l'ornementation a peut-être été influencée par la Renaissance carolingienne sur le continent, où se faisait jour une volonté active de ressusciter l'architecture romaine.
Deerhurst tower
Le XIe siècle voit l'apparition de l’architecture romane en Grande-Bretagne. Les décennies qui ont précédé la Conquête normande sont prospères pour l'élite, et il y a chez les nobles une vague de donations pour construire des églises. Plusieurs cathédrales ont été construites à cette époque, y compris l’abbaye de Westminster, même si elles ont été rebâties ensuite.
Si, jusqu'au début du XXe siècle, les historiens de l'architecture estiment que les traits romans des édifices étaient postérieurs à l'invasion normande, on sait désormais que l'apparition de ces motifs remonte aux dernières décennies avant 1066. Parmi ces motifs typiquement saxons, il y a lieu de citer :
- chaîne d'angle à moellons alternativement longs et courts ;
- vitraux jumelés triangulaires ;
- vitraux étroits en plein-cintre (souvent faits en tuile romaine) ;
- appareil en arête-de-poisson
- présence d'un narthex à l'ouest.
On ne retrouve que rarement tous ces motifs simultanément sur un même bâtiment.
Architecture profane
Les édifices profanes anglo-saxons sont à plan rectangulaire et montés sur pilotis. Dédaignant la réhabilitation de villes romaines, les Anglo-Saxons préfèrent établir leurs colonies à proximité de leurs pâtures. Dans les villes, on retrouve les traces de grandes halles collectives. Presque aucun édifice profane n'a survécu. Au cours des IXe et Xe siècles, les Saxons multiplient les forts (burhs) autour de leurs villes pour se prémunir des raids vikings.
Malgré l’indigence en sources relatives à cette époque, on peut comparer les techniques de construction de Grande-Bretagne avec celles du continent. On peut visiter une reconstitution d'un village anglo-saxon à West Stow. Certaines enluminure fournissent par ailleurs des illustrations d'époque de ces constructions, tant religieuses que profanes.
D'après Wikipédia