La Vache // De Mohamed Hamidi. Avec Fatsah Bouyahmed et Lambert Wilson.
Avant toute chose, Mohamed Hamidi a voulu que son film soit le plus fidèle possible à ce qui se serait passé si cette histoire avait réellement existé. Pendant 3 ans, il a alors sillonné le Salon de l’Agriculture afin de trouver LA vache qui pourrait correspondre à une vache algérienne. Il fallait qu’elle soit marron et la Jacqueline du film est un choix parfait. Ce road-movie s’avère être beaucoup plus original que l’on ne pourrait l’imaginer, teinté d’une vraie légèreté douce-amère qui nous berce du début à la fin. Après Né quelque part (2012), Mohamed Hamidi retrouve Fatsah Bouyahmed qui était pour le réalisateur le choix parfait pour le rôle. Le moins que l’on puisse dire c’est que Fatsah est vraiment excellent dans ce rôle. Si le film n’échappe pas à certains clichés ridicules, l’ensemble fonctionne grâce à son héros et sa bonne humeur. Toute la naïveté du film est bien pensée et sait même être d’actualité (les références vont tout de même jusqu’à « Je suis Charlie »). Les aventures de Fatah, le héros du film, sont toutes plus rocambolesques les unes que les autres mais c’est aussi pour ça que l’on ne peut que passer un bon moment. Même la vache, Jacqueline, s’avère être un personnage silencieux et pourtant imposant à la fois.
Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu'il rêve d'emmener à Paris, au salon de l'Agriculture. Lorsqu'il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau direction Marseille pour traverser toute la France à pied, direction Porte de Versailles.L’occasion pour Fatah et Jacqueline d’aller de rencontres en surprises et de vivre une aventure humaine faite de grands moments d’entraide et de fous rires. Un voyage inattendu et plein de tendresse dans la France d’aujourd’hui.
Je pense qu’il y a aussi un élément qui aide beaucoup La Vache : le fait que le héros soit incarné par un acteur presque inconnu. Je n’ai pas le souvenir le plus impérissable de Né quelque part alors forcément, je ne peux pas trop me souvenir de cet acteur. Mais le choix est parfait. Je ne pense pas que La Vache pouvait être mieux incarné que par Fatsah Bouyahmed. On retrouve autour de lui une galerie de personnages masculins tous plus sympathiques les uns que les autres. A commencer par Jamel Debbouze qui a souvent tendance à m’irrité par sa présence et qui ici sait rester dans son coin et ne pas en faire des caisses pour rien. Il en va de même pour Lambert Wilson, plutôt convaincant en homme riche qui a tout perdu et qui va aider Fatah à arriver à temps pour le concours du salon de l’Agriculture. Derrière tout cela se cache aussi une varier tendresse que Mohamed Hamidi choisit d’utiliser à son avantage. Le road-movie est un genre qui peut facilement devenir problématique dans le sens où ce n’est pas facile de raconter une histoire avec de bons rebondissements. J’ai récemment pu voir une tentative française ratée avec A Love You qui n’était pas forcément le film le plus intelligent dans sa façon d’aborder le road-movie.
Mais par chance, ici on ne subit pas l’histoire, l’histoire vient à nous. Elle s’ouvre petit à petit, incarnée par des personnages atypiques. On joue le choc des cultures et même si c’est naïf et parfois même cliché, on s’en moque puisque le moment que l’on passe reste assez juste. Ce n’est pas trop à l’eau de rose et le comique permet de libérer un peu plus toutes les histoires. La Vache est donc une sorte de petit OVNI, qui n’en fait pas des tonnes et qui n’est pas là pour être le meilleur non plus. On passe donc un agréable moment, offrant une peinture de l’Algérie campagnarde et de la France des campagnes que l’on n’a rarement la chance de voir en fiction. Le but n’est pas d’être ostentatoire de quoi que ce soit, juste de nous plonger dans la gaieté d’un monde où rien ne semble atteindre qui que ce soit. En effet, tout est très gentil (même la manifestation qui intervient au milieu du film reste un moment particulièrement gentil qui n’ose pas forcément critiquer quoi que ce soit chez les agriculteurs français). On se rabat encore une fois sur l’humour pour éviter au spectateur d’avoir peut-être l’envie de déserter.
Note : 5.5/10. En bref, feel-good, La Vache ne se prend pas la tête et nous non plus.